Accord historique : les étudiants en médecine du Maroc reprennent les cours après 11 mois de grève

Après onze mois de grève, les étudiants en médecine au Maroc ont enfin trouvé un terrain d’entente avec les autorités. Cet accord, signé sous la supervision du Médiateur du Royaume, marque la fin du mouvement de protestation, le plus long de l’histoire estudiantine au Maroc, durant lequel les étudiants avaient boycotté cours et examens pour manifester leur désaccord avec des réformes éducatives jugées inacceptables. Retour sur les détails de cet accord et les répercussions pour les étudiants en médecine.

Un compromis pour la durée des études

La revendication majeure des étudiants concernait la réduction de la durée des études médicales de sept à six ans, une décision imposée par le ministère de l’Enseignement supérieur en 2022. Selon l’accord signé, les promotions en cours avant la mise en application de cette réforme, soit avant le 13 mars 2023, conserveront leur cursus de sept ans. Cependant, pour les étudiants ayant intégré les facultés à partir de l’année universitaire 2023-2024, la durée sera réduite à six ans, avec une année optionnelle de stages intensifs. Ce compromis est destiné à satisfaire à la fois les étudiants, désireux de maintenir la rigueur de leur formation, et les autorités, soucieuses de moderniser le système éducatif.

Annulation des sanctions et sessions de rattrapage

Outre la question de la durée des études, d’autres mesures phares de cet accord répondent aux doléances des étudiants. Les sanctions disciplinaires infligées aux étudiants grévistes seront annulées, ce qui constitue un soulagement majeur pour ceux ayant subi des pressions administratives, des suspensions, et même des convocations policières durant la grève. L’accord prévoit aussi l’organisation de sessions exceptionnelles d’examens afin de permettre aux étudiants de rattraper leur retard académique accumulé pendant cette période de boycott.

Les facultés s’engagent par ailleurs à répondre aux demandes de stages, en assurant une répartition équitable des postes disponibles en fonction des spécialités et du niveau académique des étudiants. Cette décision vise à renforcer la qualité des formations pratiques, aspect crucial pour la formation des futurs médecins et professionnels de santé.

Augmentation des indemnités de stage et réforme du troisième cycle

Le volet financier figure également dans cet accord, avec une revalorisation des indemnités de stage. Les étudiants de troisième, quatrième et cinquième années recevront désormais une indemnité de 1 200 dirhams, tandis que ceux en sixième et septième années percevront 2 400 dirhams. Cette augmentation vise à améliorer les conditions de vie des étudiants, souvent confrontés à des charges financières lourdes pendant leurs années de formation.

Le troisième cycle de spécialisation médicale fait également l’objet d’une révision. Des comités d’experts, regroupant près de 500 spécialistes, travailleront à reformuler les conditions et modalités de cette formation spécialisée. Des journées d’étude et de consultation sont prévues afin d’assurer la participation des étudiants dans le processus de réforme. Cette ouverture au dialogue montre l’intention des autorités de bâtir un système éducatif plus inclusif et adapté aux besoins du secteur de la santé.

Retour à la normale et perspectives d’avenir

Avec la fin de cette crise, les facultés de médecine du Maroc retrouvent peu à peu leur sérénité. Le Médiateur du Royaume, acteur central dans les négociations, s’est félicité de ce dénouement. Il a exhorté toutes les parties prenantes à maintenir un dialogue constructif pour garantir la qualité de la formation médicale dans le pays. Cette issue a également été saluée par les parents d’étudiants, qui voient dans cet accord une lueur d’espoir pour le retour à une vie académique stable pour leurs enfants.

Ce retour à la normale marque un tournant significatif pour les facultés de médecine marocaines. Pour beaucoup, cette crise a permis de mettre en lumière les difficultés auxquelles font face les étudiants en médecine au Maroc, de la lourdeur des charges financières à la pression académique, en passant par la nécessité de réformes adaptées et équitables. Les négociations menées montrent que le dialogue social reste un pilier essentiel pour répondre aux attentes de la communauté estudiantine et promouvoir un cadre éducatif durable et inclusif.

Une mobilisation exemplaire et des leçons pour l’avenir

La grève qui a secoué les facultés de médecine au Maroc n’est pas seulement un événement marquant par sa durée exceptionnelle, mais également par l’engagement et la cohésion dont ont fait preuve les étudiants. Pendant près d’un an, ces futurs médecins ont bravé sanctions, menaces et obstacles, déterminés à défendre ce qu’ils considèrent comme des droits essentiels. Cet épisode historique démontre l’importance de prendre en compte les avis des acteurs directement concernés par les réformes éducatives.

L’accord signé entre les étudiants et les ministères concernés ouvre donc un nouveau chapitre pour la formation médicale au Maroc. Ce compromis, bien qu’imparfait selon certains étudiants, souligne la volonté des autorités d’entendre les revendications et de travailler avec les étudiants pour améliorer le système éducatif.

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