La Chambre des délits au tribunal d’appel de Nador a décidé, jeudi soir, d’augmenter le montant de l’indemnisation accordée à une victime d’une erreur médicale ayant conduit à l’ablation injustifiée de son estomac. Cette affaire, qui remonte à 2013, a suscité de vives réactions et n’a connu son dénouement judiciaire qu’avant-hier, après un recours contre un jugement initial rendu en 2016. Ce jugement avait condamné deux médecins et octroyé à la plaignante une indemnité de 1 million de dirhams, répartie équitablement entre un médecin et une clinique, l’assureur des condamnés étant tenu de se substituer à eux pour le paiement.

Selon le journal Al-Sabah, la cour d’appel a confirmé la décision de première instance sur le volet pénal. Cependant, concernant l’action civile, elle a modifié le jugement en augmentant le montant de l’indemnisation à 2 millions de dirhams. Cette somme devra être payée à parts égales par les deux condamnés, l’assureur prenant en charge le règlement.

Les faits remontent à janvier 2013, lorsque la victime, souffrant de vives douleurs à l’estomac, s’est rendue dans le cabinet d’un médecin. Ce dernier lui a prescrit des analyses après un examen endoscopique, accompagné d’un prélèvement d’échantillons gastriques. Sur les conseils d’une infirmière, elle a confié ces échantillons à un laboratoire spécialisé pour des analyses pathologiques. De retour chez le médecin avec les résultats, celui-ci a informé son mari qu’elle souffrait d’un cancer nécessitant une intervention chirurgicale urgente pour empêcher la propagation de la maladie. Il leur a alors recommandé de réaliser des analyses sanguines et un scanner, avant de les orienter vers une clinique à Rabat où elle a subi une opération aboutissant à l’ablation de son estomac.

Cependant, après l’examen de l’estomac retiré ainsi que des échantillons analysés initialement, il a été révélé qu’aucune trace de cancer n’était présente et que l’organe était parfaitement sain. Face à cette découverte, la victime a déposé une plainte. Les médecins se sont rejeté la responsabilité, invoquant soit une erreur dans les analyses initiales, soit une dépendance aux conclusions erronées fournies par le premier médecin consulté. Certains ont même pointé du doigt le laboratoire. Pourtant, dans des cas aussi graves, il est indispensable de confirmer les résultats par des analyses supplémentaires avant de procéder à une opération irréversible comme l’ablation d’un organe.
Après plusieurs audiences en appel et une expertise approfondie, la cour a conclu à une négligence dans le diagnostic, confirmant ainsi le jugement pénal initial tout en augmentant l’indemnisation accordée à la victime.

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