Le métier de gardien de voitures à Casablanca, depuis longtemps source de controverses, traverse une période de bouleversements. Entre anarchie, clientélisme et exploitation, la mairie de la métropole, sous la houlette de sa présidente Nabila Rmili, a décidé de prendre le taureau par les cornes. Une réforme ambitieuse se dessine pour mettre fin à des pratiques abusives et instaurer un cadre légal clair, à la hauteur des attentes des Casablancais.

Hassan Nasrallah, adjoint à la maire, s’est récemment exprimé sur la circulaire adressée aux présidents d’arrondissements, leur demandant de ne plus délivrer ni renouveler d’autorisations pour les gardiens de voitures. Cette directive s’inscrit dans une série d’initiatives qui visent à organiser un secteur gangrené par des abus structurels. Parmi les faits marquants : environ 40 familles détiendraient pas moins de 160 autorisations, certaines ayant même créé des sociétés dédiées. Ces autorisations sont ensuite sous-traitées à des travailleurs précaires, un système de rente dénoncé par la mairie.

Le diagnostic est clair : l’anarchie qui règne dans ce secteur nuit autant à la circulation qu’à la sécurité et à l’image de la ville. Le Conseil communal s’appuie sur plusieurs rapports, notamment celui de la Cour régionale des comptes, pour justifier son action. Ces documents mettent en lumière des irrégularités flagrantes dans la gestion des autorisations et confirment la nécessité d’une réforme en profondeur.
Face à cette situation, la mairie travaille sur un cahier des charges strict qui redéfinira les obligations des gardiens. Parmi les mesures envisagées, les gardiens devront porter un badge officiel avec leur photo, afficher clairement leur numéro d’autorisation et respecter les limites des espaces qui leur sont alloués. Ces restrictions visent à contrer des pratiques abusives, comme l’appropriation illégale de grandes portions de l’espace public ou la prise en main des véhicules par des gardiens, causant embouteillages et désagréments.
Toutefois, la mairie ne veut pas agir seule. Elle mise sur le dialogue avec toutes les parties prenantes. Après plusieurs rencontres avec des représentants des gardiens, un second cycle de discussions est prévu avec les chefs de groupes des partis politiques représentés au Conseil municipal. Pour Hassan Nasrallah, cette réforme dépasse les clivages politiques : elle représente un enjeu crucial pour la ville et ses habitants.

La mairie se veut également attentive à la dimension sociale de cette activité. Si elle entend lutter contre la rente et les abus, elle souhaite également accompagner les gardiens détenteurs d’autorisations légales dans cette transition. Hassan Nasrallah insiste :

« Nous ne voulons pas pénaliser ceux qui respectent la loi, mais mettre fin à une anarchie qui pénalise tout le monde. »
Avec cette réforme, Casablanca ambitionne de tourner une page chaotique et d’offrir aux citoyens un espace public mieux organisé, plus sécurisé, et conforme aux attentes d’une grande métropole.

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