Le chanteur de raï légendaire, Cheb Khaled, se retrouve au cœur d’une affaire judiciaire singulière, qui pourrait bien s’apparenter à un feuilleton digne des plus grands thrillers politiques. Accusé d’espionnage pour le compte du Maroc, le roi du raï est pris dans les rouages d’un scénario où se mêlent intrigues politiques et inimitiés historiques.

Selon Abdou Semmar, journaliste algérien à la tête du média Algériepart, Cheb Khaled aurait reçu, par l’intermédiaire de son avocat en France, une convocation officielle du tribunal de Bir Mourad Raïs à Alger. L’inculpation, déposée le 18 octobre 2024, repose sur des accusations d’espionnage en faveur du Royaume du Maroc. Un dossier transmis par le tribunal militaire de Blida serait au cœur de cette poursuite judiciaire, visant à impliquer le chanteur dans une affaire d’espionnage avec la complicité de deux figures controversées : Boualem et Toufik Bennacer, fils d’un ancien général de l’armée algérienne.

Tout aurait commencé avec une simple photo, retrouvée lors d’une perquisition au domicile de Boualem Bennacer, où les deux frères apparaissent en compagnie de Cheb Khaled. Ce cliché, anodin en apparence, semble être devenu une « preuve » décisive aux yeux des autorités algériennes, qui soupçonnent un complot orchestré entre les frères Bennacer et le chanteur pour transférer des informations classifiées à l’ennemi juré du régime : le Maroc.

Le lien entre Cheb Khaled et les frères Bennacer remonte à plusieurs années. Selon les récits de Semmar, leur amitié aurait débuté autour de la campagne présidentielle de 2013-2014, soutenant le président Bouteflika pour un quatrième mandat. Cheb Khaled, fervent partisan de Bouteflika, avait même réalisé un clip en soutien au président. C’est dans ce contexte que Boualem Bennacer, alors consul à Alicante, aurait établi un lien avec l’artiste.

Mais alors, pourquoi le Maroc est-il mêlé à cette affaire? Selon Abdou Semmar, la réponse réside probablement dans la nationalité marocaine que Cheb Khaled a obtenue en 2013, une décision qui lui a valu l’animosité du régime algérien. Les accusations portées contre lui semblent plus motivées par des différends politiques que par de réelles preuves d’espionnage. Pour l’heure, Cheb Khaled, qui vit au Luxembourg, est désormais dans la ligne de mire de la justice algérienne, qui pourrait bien chercher à lancer un mandat d’arrêt international contre lui si jamais il ne se soumet pas à cette convocation.

Cette affaire rocambolesque reflète une fois de plus l’influence des tensions politiques entre l’Algérie et le Maroc sur la vie de leurs ressortissants. Quant à savoir si cette saga judiciaire aura une issue sérieuse ou si elle se transformera en une énième farce politique, seul l’avenir nous le dira.

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