Le marché du travail au Maroc connaît une amélioration timide au premier trimestre 2025 avec une baisse du taux de chômage à 13,3 %, contre 13,7 % un an plus tôt. Cette diminution modérée s’explique par la création nette de 282.000 emplois, essentiellement concentrés en milieu urbain. Toutefois, cette embellie est ternie par une montée inquiétante du sous-emploi qui affecte désormais plus de 1,25 million de personnes à travers le pays.
D’après les dernières données du Haut-Commissariat au Plan (HCP), le nombre total de chômeurs s’établit à 1.630.000 personnes, soit une baisse de 1 % par rapport à l’année précédente. En zone urbaine, le taux de chômage recule d’un point pour s’établir à 16,6 %, alors qu’il augmente de 0,5 point en milieu rural pour atteindre 7,3 %, en raison principalement de la chute d’emplois dans le secteur agricole.
Le monde rural affiche une perte nette de 3.000 emplois, dont 72.000 dans l’agriculture, la forêt et la pêche. À l’inverse, le tissu urbain tire son épingle du jeu avec 285.000 postes créés, portés par la dynamique des services (+216.000), de l’industrie (+83.000) et du BTP (+52.000). L’emploi rémunéré progresse de 319.000 postes, tandis que les emplois non rémunérés reculent de 37.000.
Mais cette amélioration globale masque une réalité plus sombre : le sous-emploi progresse fortement. Le nombre de personnes concernées grimpe de 1.069.000 à 1.254.000 en un an, soit une hausse de 1,5 point du taux national, qui atteint désormais 11,8 %. La situation est particulièrement préoccupante en milieu rural, où le sous-emploi bondit de 12,5 % à 14,8 %. En milieu urbain, la hausse est plus modérée, mais le phénomène reste en expansion, passant de 9 % à 10 %.
Les jeunes sont les plus touchés : le chômage des 15-24 ans atteint 37,7 %, en hausse de 1,8 point, ce qui en fait la tranche d’âge la plus vulnérable. En revanche, les taux de chômage diminuent progressivement avec l’âge : 21,2 % pour les 25-34 ans, 7,5 % pour les 35-44 ans et seulement 3,9 % pour les plus de 45 ans. Du côté des diplômés, une amélioration est perceptible avec un recul de 0,9 point à 19,4 %, notamment parmi les techniciens et cadres moyens (-3,9 points) ainsi que les détenteurs de qualifications professionnelles (-3,6 points).
La géographie du chômage reste contrastée. Cinq régions concentrent 72 % de la population active : Casablanca-Settat (22,3 %), Rabat-Salé-Kénitra (13,2 %), Marrakech-Safi (13 %), Fès-Meknès (11,9 %) et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (11,7 %). Le taux le plus élevé est enregistré dans l’Oriental (25,2 %), suivi des régions du Sud (23,8 %). À l’opposé, Drâa-Tafilalet, Marrakech-Safi et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma affichent des taux en dessous de la moyenne nationale.
Le sous-emploi, quant à lui, augmente dans tous les secteurs d’activité. Le BTP reste le plus affecté avec un taux de 22,6 % (+3,6 points), suivi de l’agriculture (14,4 %, +2,3 points), de l’industrie (7,3 %, +1 point) et des services (9 %, +0,7 point). En parallèle, le sous-emploi lié à une insuffisance de revenu ou à une inadéquation entre formation et poste occupé touche désormais 590.000 personnes, soit 5,6 % de la population active.
Le léger recul du chômage est donc à nuancer. La fragilité du tissu rural, l’explosion du sous-emploi et les difficultés persistantes des jeunes à intégrer le marché du travail témoignent d’un besoin urgent de réformes structurelles et d’une meilleure adéquation entre formation et opportunités d’emploi.