En Corée du Nord, les divorcés font face à des sanctions extrêmement sévères. Le régime de Kim Jong-un, connu pour son autoritarisme, a adopté une politique répressive pour enrayer l’augmentation des divorces, phénomène en hausse en raison des difficultés économiques croissantes du pays. Cette mesure s’inscrit dans un contexte de pauvreté et d’insécurité alimentaire, aggravé par la crise du Covid-19.
Les divorces, considérés comme une menace pour la stabilité sociale, sont devenus l’objet d’une législation renforcée. Pour qu’une séparation soit officiellement reconnue, elle doit désormais obtenir le consentement des deux conjoints ainsi que l’aval d’une cour de justice. Cependant, ce n’est pas tout : les personnes ayant obtenu un divorce sont systématiquement condamnées à purger une peine dans des camps de travail pour une durée allant d’un à six mois. Ces centres sont présentés comme des lieux de « rééducation » destinés à faire éponger leur « crime ».
Selon Radio Free Asia, les femmes sont particulièrement touchées par ces mesures. Dans un témoignage recueilli par le média, une femme ayant passé trois mois dans un camp de travail a décrit les conditions difficiles et a rapporté que sur les 120 prisonniers, 30 étaient là pour avoir divorcé. Elle a également affirmé que les femmes reçoivent généralement des peines plus lourdes que leurs homologues masculins. Cette situation reflète une réalité sociétale où les femmes, souvent victimes de violences conjugales, se retrouvent sanctionnées lorsqu’elles cherchent à se dégager de relations abusives.
Un habitant de la province de Ryanggang a expliqué anonymement que les sanctions contre les divorcés se sont durcies récemment. Autrefois, seule la personne à l’origine de la demande de divorce était punie. Depuis peu, les deux conjoints sont envoyés dans des camps de travail, même en cas de violence physique dans le cadre du mariage.
La stigmatisation des divorcés ne s’arrête pas aux peines de prison. Avant l’adoption de ces lois répressives, le régime avait déjà mis en place des programmes de « sensibilisation », qui incluaient des humiliations publiques pour dénoncer les individus divorcés et même des sanctions collectives à l’égard des entreprises où les taux de divorce étaient jugés trop élevés.
Le divorce reste un sujet tabou dans la société nord-coréenne, mais sa progression est indéniable. Un rapport du ministère sud-coréen de l’Unification a révélé qu’environ 28,7 % des femmes transfuges nord-coréennes interrogées étaient divorcées, contre 15,2 % des hommes. Cette tendance résulte en partie des crises économiques et alimentaires qui frappent le pays depuis le début des années 2020, accentuées par la pandémie. Aujourd’hui, un nombre croissant de femmes nord-coréennes choisissent de vivre en concubinage plutôt que de contracter un mariage formel, afin d’éviter les risques liés à une éventuelle séparation.
En Corée du Nord, où chaque aspect de la vie est sous contrôle strict du gouvernement, ces mesures draconiennes témoignent d’une volonté d’éradiquer toute forme de dissidence sociale, même au sein de la sphère privée. Elles illustrent également l’incapacité du régime à répondre aux besoins fondamentaux de sa population autrement que par la répression.