Le corridor de Zangazur demeure au cœur des tensions stratégiques entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, représentant à la fois une opportunité de réconciliation et un enjeu géopolitique majeur. Lors d’une récente interview télévisée, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a affirmé avec fermeté que le corridor de Zangazur serait ouvert, soulignant que cette décision ne relevait pas seulement d’une option, mais d’une nécessité. Selon le chef de l’État, une ligne ferroviaire qui avait été active par le passé a été interrompue par l’Arménie lors du conflit du Karabakh des années 1990. Aujourd’hui, Erevan propose de rétablir cette liaison, offrant une perspective nouvelle pour le dialogue.

Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a déclaré que son gouvernement demeurait attaché à une stratégie de paix avec Bakou. Il a également présenté une offre concrète pour rouvrir le chemin de fer Yeraskh-Sadarak-Ordubad-Mehri-Zangilan, une voie de transport historique qui pourrait réactiver la connectivité régionale. Dans son discours, Pashinyan a appelé à un accord mutuel et à un engagement réciproque pour lancer les travaux de construction de la portion arménienne. Cependant, cette proposition, bien que prometteuse, semble encore éloignée d’une résolution immédiate.

Ilham Aliyev, pour sa part, a exprimé sa détermination face aux démarches qu’il juge dilatoires de la part de l’Arménie. Dénonçant les retards systématiques dans le processus de paix, il a rappelé que Bakou prône une approche pragmatique et rapide pour rétablir les corridors de transport. Le président a mis en garde contre les stratégies de procrastination, estimant qu’elles ne feraient qu’aggraver la position arménienne. La vision de Bakou se concentre sur un itinéraire plus direct, issu de l’ère soviétique, contrairement au tracé plus long proposé par Erevan. Cette divergence reflète des intérêts divergents et une absence persistante de consensus.

Sur le plan géopolitique, Aliyev a également abordé les alliances stratégiques de l’Arménie, soulignant les fragilités de ses partenariats traditionnels. Il a prédit que les soutiens extérieurs, notamment ceux de l’Iran et de la Russie, pourraient faiblir face à des changements politiques et économiques mondiaux. Le président a aussi évoqué la possible évolution de la politique américaine sous une administration différente, ce qui pourrait modifier l’équilibre des relations internationales de l’Arménie.

Le corridor de Zangazur représente ainsi bien plus qu’une simple infrastructure de transport. Il est le symbole d’un bras de fer entre deux nations dont les intérêts stratégiques s’opposent. Tandis que l’Azerbaïdjan affiche une politique étrangère indépendante et affirmée, l’Arménie continue de naviguer entre ses alliances traditionnelles et une volonté affichée de paix. La concrétisation de ce projet pourrait remodeler les dynamiques régionales, à condition que les deux parties parviennent à surmonter leurs différends historiques et leurs ambitions contradictoires.

 

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