Le monde du football africain est en deuil. Issa Hayatou, emblématique figure du football continental et ancien président de la Confédération africaine de football (CAF), est décédé ce jeudi 8 août à Paris, à la veille de ses 78 ans. Ce triste événement intervient le même jour que la victoire historique du Maroc face à l’Égypte aux Jeux olympiques, où le pays a décroché la médaille de bronze.

Issa Hayatou a marqué de son empreinte le football africain en dirigeant la CAF pendant près de 30 ans, de 1988 à 2017. Il a également été président par intérim de la FIFA entre 2015 et 2016, suite à la suspension de Sepp Blatter. Sa présidence a été caractérisée par une forte influence, mais aussi par des controverses notables. Considéré par beaucoup comme un dirigeant autoritaire, il n’hésitait pas à écarter ses adversaires.

Né le 9 août 1946 à Garoua, dans le nord du Cameroun, Hayatou est issu d’une famille influente. Contrairement à ses frères qui se sont tournés vers la politique, il a choisi de se consacrer au sport. Il s’est distingué en athlétisme, devenant champion du Cameroun sur 400 et 800 mètres, et a participé aux premiers Jeux africains de Brazzaville en 1965. Il a également été membre de l’équipe nationale camerounaise de basket-ball et international universitaire de football.

En 1974, il entame sa carrière dans l’administration sportive en tant que secrétaire général de la Fédération camerounaise de football. Rapidement, il gravit les échelons, devenant directeur des sports au ministère de la Jeunesse et des Sports en 1982, puis vice-président de la Fédération camerounaise de football en 1984. Deux ans plus tard, il accède à la présidence de la Fecafoot et rejoint le comité exécutif de la CAF.

En 1987, Hayatou prend la tête de la CAF, succédant à l’Éthiopien Ydnekatchew Tessema. Son mandat a été marqué par des décisions controversées, comme en 2010 lorsqu’il refuse de reporter les matches du Togo après une fusillade meurtrière, infligeant à l’équipe une suspension de quatre ans. Ses méthodes de gestion autoritaires lui ont valu de nombreux critiques.

Cependant, Hayatou a aussi eu un impact positif sur le football africain. Sous sa direction, la CAF a organisé la première Coupe du monde en Afrique, en 2010 en Afrique du Sud, et a contribué à l’augmentation des places pour les équipes africaines en phase finale du Mondial. Il a également initié la création de la Ligue des champions de la CAF en 1997 et a vu les équipes africaines remporter des titres olympiques en 1996 et 2000.

En 2017, après presque trois décennies au pouvoir, Hayatou est battu par le Malgache Ahmad Ahmad, un outsider soutenu par le président de la FIFA, Gianni Infantino. Cette défaite marqua la fin d’une ère pour le football africain et laissa Hayatou avec un goût amer.

Malgré cela, la CAF lui a rendu hommage en lui accordant le statut de président d’honneur, bien que sa carrière ait été assombrie par une condamnation en Égypte pour un contrat controversé avec Lagardère Sports.

Issa Hayatou, à la fois admiré et critiqué pour son leadership, restera une figure incontournable du football africain. Sa disparition, le jour où l’Afrique célébrait une victoire olympique, souligne la complexité de son héritage.

 

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