Le Maroc s’apprête à franchir un cap dans la sécurisation de ses établissements scolaires. À la suite du meurtre tragique de l’enseignante Hajar à Erfoud, un drame qui a profondément ému l’opinion publique, le ministère de l’Éducation nationale, dirigé par Mohamed Saad Berrada, annonce une série de mesures ambitieuses pour lutter contre la recrudescence de la violence en milieu scolaire. En tête de ces actions figure l’installation progressive de caméras de surveillance dotées d’intelligence artificielle dans les établissements d’enseignement.
Ces dispositifs, actuellement en phase pilote, sont conçus pour analyser en temps réel les comportements suspects ou agressifs, et alerter immédiatement les équipes pédagogiques et les autorités compétentes. L’objectif est clair : prévenir les incidents graves en intervenant rapidement. Cette technologie permettra de surveiller aussi bien l’intérieur des établissements que leurs abords, en collaboration étroite avec les forces de l’ordre.
Mais la stratégie du ministère ne repose pas uniquement sur la technologie. Conscient que la violence est souvent le symptôme de fragilités psychologiques ou sociales, le département de l’Éducation a renforcé ses mécanismes d’accompagnement des élèves. Des cellules de veille psychosociale, composées d’assistants sociaux, ont été mises en place dans plusieurs écoles pilotes. Elles assurent un suivi individualisé des élèves à risque et les orientent vers des psychologues ou psychiatres, en partenariat avec l’Observatoire national des droits de l’enfant.
Le ministère mise également sur les activités extrascolaires pour désamorcer les tensions. Dessin, théâtre, sport ou encore cinéma sont autant de moyens offerts aux collégiens pour exprimer leurs émotions de manière constructive. Ces initiatives, déjà expérimentées dans certaines écoles, ont montré un impact tangible sur le climat scolaire.
Parallèlement, le programme de lutte contre le décrochage scolaire s’intensifie. Selon le ministre, entre 15 et 20 % des élèves se trouvent en situation de vulnérabilité. Pour y remédier, une approche individualisée est désormais privilégiée, incluant l’accompagnement psychologique des jeunes en difficulté.
Enfin, le renforcement des compétences humaines au sein des établissements est une autre priorité. Quelque 4.000 enseignants ont été formés à l’écoute active et à la médiation, tandis que 1.600 coordinateurs de la vie scolaire ont été préparés dans le cadre d’un partenariat avec la Rabita Mohammadia des Oulémas.
Avec cette stratégie globale mêlant innovation technologique, soutien psychosocial et implication culturelle, le ministère entend prévenir de nouvelles tragédies et restaurer un climat serein dans les établissements scolaires du Royaume.