La démolition du complexe artisanal d’Oulja a commencé hier, marquant la fin d’une ère pour ce site emblématique. Situé sur les rives pittoresques du fleuve Bouregreg, à quelques encablures des centres-villes vibrants de Rabat et de Salé, Oulja s’étendait sur plusieurs hectares et incarnait un bastion de l’artisanat traditionnel marocain. Ce lieu, regroupant ateliers de potiers, dinandiers, vanniers et autres créateurs, était un véritable témoignage vivant d’un savoir-faire ancestral. Désormais, une vague de nostalgie et d’inquiétude submerge ceux qui ont vu ce lieu unique évoluer au fil des décennies.

Depuis des générations, Oulja était le cœur battant de l’artisanat marocain, où chaque ruelle résonnait du cliquetis des outils et des échanges passionnés entre artisans. Aujourd’hui, ce joyau culturel est menacé, laissant les artisans et leurs familles dans une situation désespérée.

La relocalisation proposée par les autorités, vers la ville de Salé, est loin de faire l’unanimité parmi les artisans. « On nous a dit d’aller voir les magasins à Salé, mais personne n’est parti », raconte un artisan. « Les responsables de l’Association nous ont dit de rester à Oulja, mais deux jours plus tard, tout le monde a dû déménager à Salé sans explication. Même des artisans de renom ont dû se résigner à cette décision ».

Les compensations financières proposées sont jugées insuffisantes par les artisans, qui se sentent lésés. « On nous propose 250 dirhams pour notre terre de 6000 mètres carrés, alors qu’on nous avait précédemment proposé entre 10.000 et 15.000 dirhams. C’est inacceptable », déclare un autre artisan impacté.

 

De son côté, l’Agence pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg a récemment dévoilé un projet ambitieux : la création d’une Cité de l’artisanat et des arts à Salé, s’étendant sur 13 hectares. Ce projet, qui marque un tournant pour la région, ambitionne de devenir un pôle touristique incontournable entre Rabat et Salé, remplaçant ainsi l’ancienne Cité des potiers d’Oulja. La réalisation de ce projet nécessitera un investissement de 140 millions de dirhams et a été confiée à des architectes via un concours prestigieux. La construction devrait s’étendre sur une période de 24 mois.

Destinée à accueillir une variété d’activités artistiques, artisanales, commerciales et touristiques, la nouvelle Cité vise à offrir un cadre moderne et adapté, contrastant avec l’ancienne Cité des potiers jugée « inappropriée ». Pendant les travaux, les artisans seront temporairement relocalisés dans un site dédié pour maintenir leur activité.

La nouvelle Cité sera bien plus qu’un simple espace d’exposition. Elle servira de vitrine pour le savoir-faire traditionnel des artisans de Rabat-Salé, offrant une plateforme culturelle et économique de premier plan. L’ensemble comprendra des ateliers de poterie, céramique, sculpture et objets en terre, ainsi que des espaces dédiés à la vannerie et aux objets en matériaux végétaux. Les unités, variant de 40 à 100 m², seront exclusivement réservées aux finitions et à l’exposition des produits finis. La production de matières premières, ainsi que les activités polluantes telles que les fours et le traitement de l’argile, seront délocalisées pour préserver la qualité et l’intégrité de l’environnement de la Cité.

La Cité de l’artisanat et des arts ne se limitera pas à des ateliers. Elle intégrera également des services divers, des équipements modernes, des promenades aménagées et une zone de restauration (food-court) pour enrichir l’expérience des visiteurs. Avec cette initiative, l’Agence pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg entend créer un espace dynamique, où culture et économie se rencontrent, tout en offrant aux visiteurs une immersion complète dans le patrimoine artisanal de la région.

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