Dans un monde professionnel où la compétence est une monnaie précieuse, admettre que l’on ne sait pas quelque chose peut sembler risqué. Pourtant, selon des experts en sciences cognitives, cette transparence serait en réalité un levier puissant de confiance, de crédibilité et d’apprentissage. Oser dire « je ne sais pas » pourrait bien être l’un des comportements les plus stratégiques au travail.
Nombreux sont ceux qui, au cours d’une réunion ou d’une conversation professionnelle, ont répondu « oui » à une question portant sur un projet, un concept ou une personne, alors qu’ils n’en avaient jamais entendu parler. Cette réaction est souvent instinctive : par souci de coopération ou pour éviter de paraître incompétent, on préfère masquer ses lacunes. Cependant, cette attitude peut nuire à long terme à la qualité des échanges, à l’apprentissage personnel et à la confiance que l’on inspire.
Reconnaître ses limites ouvre la porte à de précieuses opportunités. En avouant une méconnaissance, on crée un espace de vulnérabilité qui invite l’autre à partager ses connaissances. Cela favorise les échanges authentiques, propices au mentorat et à la montée en compétence. De nombreux collègues sont disposés à aider, encore faut-il leur en donner l’occasion.
Sur le plan personnel, l’honnêteté intellectuelle permet une autoévaluation sincère. Identifier les domaines que l’on maîtrise mal est une étape essentielle pour progresser. Ce processus d’introspection permet également de mieux comprendre les dynamiques d’un projet ou les compétences relationnelles à renforcer. À terme, cela renforce l’efficacité professionnelle.
Du point de vue collectif, cette posture a un effet d’entraînement. Dans une organisation tournée vers l’apprentissage, chacun doit pouvoir admettre ce qu’il ignore pour mieux évoluer. Les dirigeants, en particulier, ont un rôle clé : en reconnaissant leurs propres lacunes, ils donnent le ton et instaurent une culture de l’humilité et de la curiosité. À l’inverse, prétendre tout savoir limite l’innovation et crée une atmosphère figée où l’erreur est perçue comme une faiblesse.
Pour encourager cette dynamique, il est également utile de reformuler les questions posées. Au lieu de demander « Tu connais… ? », ce qui incite souvent à répondre « oui » par réflexe, on peut dire : « Beaucoup de gens ont du mal avec… » ou « J’ai mis du temps à comprendre… ». Ce type d’introduction invite à des réponses plus sincères et facilite des échanges plus riches.
Assumer ce que l’on ignore n’est pas un aveu d’échec, mais un choix stratégique. C’est un signal de maturité professionnelle, d’ouverture et d’engagement envers l’apprentissage. Et dans un monde en constante évolution, la capacité à apprendre est bien plus précieuse que celle de prétendre tout savoir.