Trouver une raison de se lever chaque matin peut sembler anodin, mais au Japon, ce concept est au cœur de la philosophie de vie de nombreuses personnes. L’ikigai, littéralement « raison d’être » ou « joie de vivre », offre une perspective unique pour découvrir ce qui anime profondément un individu. Plus qu’une simple méthode, c’est une quête personnelle et introspective pour aligner ses passions, ses talents et ses valeurs avec les besoins du monde.

Le concept d’Ikigai : origines et signification

L’ikigai puise ses racines dans la culture japonaise, notamment sur l’île d’Okinawa, célèbre pour la longévité exceptionnelle de ses habitants. Contrairement à d’autres régions du Japon, ici, les personnes âgées ne prennent pas leur retraite au sens occidental du terme. Elles trouvent satisfaction et épanouissement dans les activités qu’elles continuent de pratiquer, souvent pour le bien de leur communauté.

Pour ces habitants, l’ikigai ne se limite pas à un objectif personnel, mais englobe également une contribution à la société, qu’il s’agisse de transmettre un savoir ou de s’occuper des générations suivantes. En Occident, ce concept a été adapté, touchant particulièrement le domaine professionnel. Christie Vanbremeersch, autrice de Trouver son ikigai, résume cette approche en la comparant à « une vocation, mais avec un revenu financier ». En d’autres termes, trouver son ikigai, c’est identifier un métier ou une activité qui soit à la fois source de passion, de compétence, et de rémunération.

Un travail d’introspection : les quatre cercles de l’ikigai

Si le concept d’ikigai semble abstrait, une méthode pratique permet de l’aborder. Représenté sous la forme d’une rosace composée de quatre cercles, ce schéma aide à structurer une réflexion profonde. Chaque cercle correspond à une question fondamentale :

  1. Qu’est-ce que j’aime faire ?
  2. Dans quoi suis-je compétent(e) ?
  3. Qu’est-ce qui me permet de vivre financièrement ?
  4. De quoi le monde a-t-il besoin et comment puis-je contribuer ?

L’intersection de ces cercles révèle quatre éléments clés : la passion, la mission, la vocation et la profession. Au cœur de cette convergence se trouve l’ikigai. Cette méthodologie, simple en apparence, demande toutefois un investissement personnel important. Trouver son ikigai peut prendre des heures, des semaines ou même des années.

Un chemin semé de défis et d’introspection

Pour certains, l’ikigai est une évidence, perçue dès l’enfance. Ces personnes suivent naturellement leurs rêves d’enfant et trouvent un sens à leur vie dans des activités qui les passionnent depuis toujours. Pour d’autres, cette quête est plus complexe, marquée par des crises existentielles et des remises en question profondes.

Christie Vanbremeersch souligne que cette exploration intérieure peut faire surgir des peurs : peur de vivre ses rêves, de changer de cap ou encore de décevoir. Pourtant, elle rappelle que la peur est un indicateur positif. « Affronter ses craintes est essentiel pour avancer, mais il ne faut pas les laisser prendre les décisions à notre place », précise-t-elle.

L’Ikigai : une quête évolutive

L’un des aspects fascinants de l’ikigai est son caractère mouvant. Ce qui fait sens aujourd’hui peut évoluer au fil du temps. Comme un partenaire amoureux, l’ikigai exige d’être questionné, exploré et nourri régulièrement. Sans cette dynamique, l’ennui peut s’installer, signe que le chemin doit être réajusté.

Pour entretenir cette relation avec son ikigai, chacun peut adopter une méthode adaptée à sa personnalité. Certains choisissent la méditation ou le sport, d’autres préfèrent des pratiques introspectives comme tenir un journal. Vanbremeersch, par exemple, écrit trois pages chaque matin pour clarifier ses pensées et rester en phase avec ses aspirations.

Donner vie à son Ikigai dans un monde contraignant

Si la découverte de son ikigai est une étape majeure, sa mise en œuvre peut se heurter à des réalités matérielles et familiales. Responsabilités professionnelles, charges financières ou vie de famille peuvent compliquer un virage à 360 degrés. Cependant, il est possible de progresser à petits pas. Adopter une stratégie de « slashing », qui consiste à cumuler plusieurs activités, peut être un bon compromis. « On peut être directeur marketing le jour et prof de yoga le soir », illustre Vanbremeersch. Cette approche permet de tester de nouveaux horizons tout en conservant une certaine stabilité.

L’objectif ultime est de s’écouter et de ne pas perdre de vue son ikigai, même si sa réalisation complète prend du temps. Comme le rappelle l’autrice, « la vie est une succession de choix ». Mieux vaut entreprendre cette quête avant qu’un burn-out ou une crise existentielle ne force un changement radical.

L’Ikigai : Une boussole pour une vie épanouie

L’ikigai offre une boussole pour naviguer dans une existence souvent marquée par des doutes et des incertitudes. En aidant à aligner ses passions, ses talents et ses contributions au monde, il permet de trouver une harmonie durable.

Trouver son ikigai n’est pas un processus linéaire ni immédiat. C’est une aventure personnelle qui exige honnêteté, courage et persévérance. Mais ceux qui s’engagent dans cette voie témoignent souvent d’une vie plus riche et plus épanouissante, guidée par une raison d’être profonde.

 

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