Dans le documentaire de Kaouther Ben Hania, « Les Filles d’Olfa », la réalisatrice tunisienne nous plonge dans un tourbillon émotionnel où la beauté des protagonistes se heurte violemment à la réalité brutale de leurs existences. Ce documentaire-fiction dépeint l’histoire poignante d’Olfa et de ses quatre filles, naviguant à travers une vie marquée par la douleur et la désillusion.
Ben Hania tisse un récit complexe, démêlant les fils d’une destinée tragique. Elle prend la parole pour parler de l’histoire avant de laisser Hind Sabri se préparer pour le rôle qu’elle va jouer, celui d’Olfa, Olfa à qui le loup a dévoré deux filles.
Le spectateur est tout de suite après transporté dans l’enfance d’Olfa, forcée de prendre le rôle paternel après le départ de son père. Une enfance marquée par la défense farouche de ses sœurs contre les prédateurs masculins, une défiance qui forge en elle une animosité tenace envers la gent masculine.
Les hommes dans ce récit sont d’ailleurs représentés par un seul acteur, une délibération artistique de Ben Hania pour mettre en lumière les rôles féminins dominants.
Ce film explore sans filtre la vie tumultueuse d’Olfa, il est aussi une sorte aussi de genèse qui relate la vie en Tunisie avant et après la révolution, une révolution qui a incité la maman à avoir la sienne, mettre fin à son mariage brutal et malheureux. Mais tout comme la révolution tunisienne, la révolte personnelle d’Olfa ne conduit qu’à un nouveau chapitre de malheur. Son amour passionné pour un boucher évadé de prison se transforme en un cauchemar absolu lorsque ce dernier commet l’impensable envers l’une de ses filles.
Un cauchemar qui ne sera jamais commenté pendant le film, Olfa laissera ses filles pour aller travailler, sa brutalité, sa malice et son absence ont laissé place à l’extrémisme, qui commencera par une de simples crises d’adolescence avant de se mêler à l’extrémisme religieux, aboutissant à leur engagement avec Daech. Un choix qui les mène à une condamnation à 16 ans de prison en Libye, les arrachant à jamais à leur terre natale.
« Les Filles d’Olfa » est bien plus qu’un film ; c’est une exploration déchirante des luttes intérieures et des conséquences désastreuses de choix individuels au sein d’une société en mutation. Ben Hania dépeint avec une maîtrise exceptionnelle le désir alléchant d’un happy ending qui, pour ces filles, reste hors d’atteinte.