Le rapport mondial sur le bonheur de 2025 dévoile une tendance surprenante : la gentillesse envers autrui est plus bénéfique pour le bien-être que l’augmentation de salaire. Dans un monde souvent perçu comme froid et impitoyable, il existe néanmoins de nombreuses preuves que des gestes altruistes peuvent avoir un impact considérable sur la santé mentale et le bonheur. Ce rapport, publié à l’occasion de la Journée internationale du bonheur, est le fruit d’une collaboration entre Gallup, le Centre de recherche sur le bien-être de l’Université d’Oxford et le Réseau des solutions de développement durable de l’ONU.
Les actes de bienveillance : un moteur de bonheur
Le rapport de cette année met en lumière l’importance des actes de bienveillance, que ce soit par des dons, du bénévolat ou des gestes amicaux envers des inconnus. Selon les données, 70 % de la population mondiale a réalisé au moins un acte de gentillesse au cours du mois précédent. Ce chiffre, bien que légèrement inférieur à celui observé pendant la pandémie de Covid-19, reste néanmoins élevé, témoignant d’une tendance durable vers des comportements altruistes.
Dr. Felix Cheung, co-auteur du rapport et professeur de psychologie à l’Université de Toronto, souligne que ce chiffre est impressionnant : « Sept personnes sur dix autour de nous ont fait quelque chose de gentil le mois dernier. » Un signe clair que, malgré les difficultés du monde moderne, la générosité et la bienveillance sont toujours omniprésentes.
La gentillesse améliore le bien-être personnel
Les études menées dans le cadre de ce rapport révèlent que les actes de générosité contribuent non seulement au bonheur des personnes qui en bénéficient, mais aussi à celui de ceux qui les réalisent. Le rapport de Gallup montre que la gentillesse a un impact sur le bien-être de manière plus significative qu’un salaire plus élevé. Selon Ilana Ron-Levey, directrice générale du secteur public chez Gallup, « les actes de générosité prédisent le bonheur bien plus qu’un salaire plus élevé ».
Dr. Lara Aknin, professeure de psychologie sociale à l’Université Simon Fraser, a mené plusieurs expériences sur l’impact de la générosité sur le bonheur. Dans l’une de ses études, des participants recevaient une petite somme d’argent (de 2 à 5 dollars) et étaient invités à la dépenser pour eux-mêmes ou pour autrui. Les résultats étaient clairs : ceux qui choisissaient de dépenser leur argent pour une autre personne se sentaient plus heureux que ceux qui se l’offraient.
L’empathie : un fossé à combler pour un bonheur collectif
Bien que de nombreuses personnes soient prêtes à accomplir des gestes bienveillants, les attentes concernant la générosité des autres restent souvent faibles. Le rapport met en évidence ce que l’on appelle le « fossé d’empathie », un écart entre la perception des gens sur la bienveillance des autres et la réalité de leurs actions.
Dans une étude sur les attentes vis-à-vis de la restitution d’un portefeuille perdu, les participants américains s’attendaient à ce qu’un voisin ou un policier rende leur bien, mais beaucoup doutaient qu’un inconnu le fasse. En réalité, plus de 60 % des portefeuilles perdus dans des villes du monde entier ont été rendus, un résultat bien plus élevé que ce à quoi les gens s’attendaient.
Cette tendance, selon Dr. Aknin, est liée à un manque de confiance dans la société. « Si l’on s’attend au pire des autres, cela influence nos interactions sociales et nuit à notre bien-être », explique-t-elle. Cependant, la bonne nouvelle est que ce fossé d’empathie peut être comblé, et ainsi favoriser une plus grande cohésion sociale et, par conséquent, un plus grand bonheur individuel.
Construire des liens sociaux pour renforcer le bonheur
La communauté et les liens sociaux sont des éléments cruciaux pour cultiver la gentillesse et favoriser le bonheur. Dr. Aknin souligne l’importance de passer du temps avec les autres de manière authentique, en privilégiant les interactions face-à-face plutôt que les gestes anonymes ou dématérialisés. En outre, choisir de faire preuve de gentillesse sans pression et observer l’impact positif de nos actions renforcent le sentiment de satisfaction et de bien-être.
Le rapport pointe également que les sociétés qui accordent de l’importance à la solidarité et à la confiance sociale, comme les pays nordiques, sont en tête du classement mondial du bonheur. En effet, des recherches ont montré qu’un sentiment de communauté, souvent renforcé par des repas partagés ou des moments conviviaux, est lié à une plus grande satisfaction de vie.
Le rôle central des relations sociales
Un autre facteur clé du bonheur est la qualité des relations sociales. Le rapport révèle que de plus en plus de personnes mangent seules, un phénomène qui a doublé depuis 2003 aux États-Unis. La solitude croissante et le manque de soutien social peuvent nuire au bien-être, car ils limitent les actes de générosité et d’empathie, ce qui diminue le bonheur collectif.
La gentillesse ne se résume pas à de simples gestes. Elle est un élément essentiel de la cohésion sociale et un catalyseur puissant pour améliorer notre bien-être individuel et collectif. En cultivant des liens solides, en augmentant nos attentes de générosité envers les autres et en engageant des actes altruistes, nous pouvons tous contribuer à rendre le monde plus heureux.