La pollution plastique, fléau qui gangrène notre planète, menace désormais l’ensemble du système terrestre, selon une nouvelle étude. La production mondiale de plastique a dépassé 505 millions de tonnes en 2022, mais moins de 10 % de ce volume est recyclé chaque année. Le reste se disperse dans la nature, contaminant les écosystèmes les plus isolés et affectant les organismes vivants. Des traces de microplastiques ont été découvertes dans des lieux aussi éloignés que le sommet de l’Everest et les profondeurs de la fosse des Mariannes, se retrouvant même dans les organes humains essentiels.
Des impacts massifs et souvent invisibles affectent les processus biophysiques essentiels, d’après une étude publiée dans la revue One Earth. Les composés chimiques contenus dans les plastiques, incluant les perturbateurs endocriniens et les PFAS (ou « produits chimiques éternels »), interagissent de manière complexe sur le cycle de vie des plastiques. En modifiant les processus naturels, ces composés poussent notre planète aux limites de ses capacités, affectant les cycles de l’eau, de l’air, et de la biodiversité. Les chercheurs précisent que la pollution plastique ne se limite pas aux impacts directs : elle crée également des réactions en chaîne, exacerbant les effets sur le climat et les écosystèmes.
Une étude récente de l’université de Penn State publiée dans Environmental Science and Technology: Air révèle que les microplastiques atmosphériques influencent la formation de glace dans les nuages. En se fixant sur des gouttelettes d’eau, ils permettent à l’eau de geler à des températures plus élevées, ce qui peut affecter le régime des précipitations et potentiellement la sécurité aérienne. Lors d’expériences en laboratoire, il a été observé que 50 % des gouttelettes contenant des microplastiques gelaient à -22 °C, tandis qu’une gouttelette ordinaire requiert -38 °C pour geler. Ce phénomène pourrait altérer l’équilibre entre les nuages réchauffants et ceux qui rafraîchissent l’atmosphère, selon leur teneur en glace et eau liquide.
Ce processus peut aussi transformer la répartition de l’eau dans l’atmosphère. En se fixant sur plus de particules, les microplastiques génèrent des gouttelettes plus petites. Comme ces gouttelettes ne peuvent précipiter qu’une fois assez grosses, elles augmentent la capacité des nuages à retenir l’eau, amplifiant les précipitations lorsque la pluie finit par tomber.
Les chercheurs insistent sur la nécessité de recherches supplémentaires pour cerner l’impact des additifs plastiques sur le climat et la météo. En 2022, les Nations Unies ont lancé des négociations pour un traité mondial contre la pollution plastique. Mais les chercheurs invitent les décideurs à voir au-delà de la simple gestion des déchets et à reconsidérer toute la chaîne des flux plastiques, de la production à leur dissémination environnementale. Ce n’est qu’avec une approche globale qu’il sera possible de ralentir voire inverser les effets destructeurs du plastique sur notre planète.