Le Parlement australien a franchi une étape clé mercredi en adoptant un projet de loi interdisant aux mineurs de moins de 16 ans l’accès aux réseaux sociaux. Ce texte, validé par 102 voix contre 13 à la chambre basse, vise à contraindre les plateformes comme X (anciennement Twitter), TikTok, Facebook et Instagram à instaurer des mécanismes empêchant les jeunes de contourner cette interdiction. Désormais, le projet doit être examiné par le Sénat à une date encore indéterminée.

Promu par le Premier ministre Anthony Albanese, ce projet de loi se veut l’un des plus ambitieux au monde en matière de régulation numérique. Selon le chef du gouvernement, les réseaux sociaux représentent « une plateforme favorisant la pression sociale, un moteur d’anxiété, un canal pour les escrocs et, pire que tout, un outil pour les prédateurs en ligne ».

Des sanctions financières inédites pour les contrevenants

En cas de non-respect des nouvelles règles, les entreprises pourraient encourir des amendes allant jusqu’à 31 millions d’euros. Cependant, la législation amendée interdit aux plateformes d’exiger une pièce d’identité des nouveaux utilisateurs pour prouver leur âge, suscitant des interrogations sur les moyens concrets d’appliquer cette mesure.

Les géants technologiques ont critiqué une démarche qu’ils jugent précipitée. Ils expriment des inquiétudes face à d’éventuelles « conséquences imprévues », tout en questionnant la faisabilité technique de telles restrictions.

Un délai d’un an pour se conformer

Si la loi est adoptée, les plateformes disposeront d’un an pour se conformer aux nouvelles exigences. Malgré cette marge de manœuvre, des analystes australiens, à l’instar de Terry Flew, professeur en communication digitale à l’Université de Sydney, estiment que cette législation pourrait se limiter à une « politique symbolique » faute de solutions techniques adéquates.

Une tendance mondiale, mais des applications floues

L’Australie n’est pas le seul pays à imposer des limites d’âge pour l’accès aux réseaux sociaux. En Floride, une loi interdisant l’ouverture de comptes aux moins de 14 ans doit entrer en vigueur en janvier, bien que les modalités pratiques n’aient pas encore été précisées. En Espagne, une législation similaire adoptée en juin reste également suspendue faute de solutions de vérification d’âge.

En Chine, des restrictions strictes sont déjà en place depuis 2021. L’accès aux plateformes nécessite une identification via un document officiel, et les mineurs de moins de 14 ans ne peuvent passer plus de 40 minutes par jour sur Douyin, la version locale de TikTok.

Une régulation complexe mais nécessaire

L’Australie se positionne en pionnière dans la régulation numérique, mais l’implémentation concrète de cette interdiction suscite des doutes. Entre défis technologiques et résistances des entreprises, ce projet de loi marque un tournant dans la protection des mineurs face aux dangers des réseaux sociaux, tout en illustrant les limites des approches législatives dans un environnement numérique globalisé.

 

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