L’agence de notation Moody’s a confirmé la note souveraine du Maroc à Ba1 avec des perspectives stables. Cette décision, annoncée le 21 mars à l’issue d’une revue périodique, traduit une reconnaissance des choix budgétaires du Royaume, mais souligne aussi les défis structurels qui freinent une progression vers une notation plus favorable.
Le maintien de cette note s’explique par la solidité des politiques économiques et budgétaires mises en place. L’État marocain a su préserver l’équilibre social et économique malgré des pressions externes, notamment climatiques. Toutefois, cette résilience s’accompagne d’une augmentation de l’endettement, jugé maîtrisable par Moody’s, mais qui reste sous surveillance. Pour 2024, le déficit budgétaire est prévu à 4,3 % du PIB, un chiffre légèrement meilleur que les estimations initiales de 4,5 %. Cette performance s’appuie sur des rentrées fiscales plus élevées et des recettes dynamiques issues du tourisme, des exportations et des transferts des Marocains résidant à l’étranger.
Cependant, la croissance économique ralentit. Après un taux de 3,4 % en 2023, elle devrait s’établir à 2,6 % en 2024, principalement en raison d’une pluviométrie insuffisante qui a pesé sur l’agriculture. Moody’s anticipe néanmoins un rebond progressif vers une moyenne de 3,5 % à moyen terme, à condition que le pays poursuive la diversification de son économie.
Sur le plan institutionnel, le Maroc obtient une notation baa2, qui témoigne de la crédibilité des institutions et de la politique budgétaire. Bank Al-Maghrib joue un rôle clé dans la stabilité monétaire et bénéficie d’un bon niveau de confiance des acteurs économiques. Toutefois, la dette publique continue de croître, atteignant 17,6 % du PIB pour la part en devises. Moody’s observe attentivement cette évolution, notamment en lien avec la gestion des risques de change et la vulnérabilité externe.
D’autres risques subsistent, notamment dans le secteur des entreprises publiques, où des fragilités financières persistent. Le secteur bancaire, bien que relativement stable, souffre encore de fonds propres limités et d’expositions internationales complexes. En parallèle, la structure économique marocaine, caractérisée par une ouverture limitée et une forte concentration des acteurs dans certains secteurs, ralentit une croissance plus inclusive. Moody’s souligne la nécessité d’une libéralisation accrue et d’une réforme structurelle pour améliorer la compétitivité et stimuler l’investissement privé.
Le gouvernement s’attelle à lever ces obstacles en mettant en œuvre des réformes visant à élargir la base économique et à renforcer le secteur non agricole. L’objectif est d’augmenter les revenus, de créer davantage d’emplois formels et de réduire les disparités socio-économiques. Ces avancées pourraient, à terme, peser favorablement sur l’évaluation souveraine du pays.
En maintenant sa notation inchangée, Moody’s envoie un message de confiance mesurée. L’agence estime que les progrès en cours dans les réformes et la gouvernance économique contrebalancent les risques liés à la dette et à la dépendance climatique. Toutefois, pour espérer une amélioration de sa note souveraine, le Maroc devra accélérer ses efforts en matière de diversification économique et de gestion des risques structurels. L’avenir dépendra de la capacité du pays à transformer ses engagements en résultats concrets.