Le Maroc a amorcé une transition significative dans sa gestion de l’eau, passant d’un stress hydrique aigu à un stress modéré, selon les déclarations du ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka. Ce changement intervient suite à des pluies abondantes et des chutes de neige qui ont amélioré le taux de remplissage des barrages à 49,44 %, un niveau jamais atteint depuis plusieurs années.
Le volume d’eau stockée s’élève aujourd’hui à 6,61 milliards de mètres cubes, auxquels s’ajoutent 280 millions de mètres cubes collectés grâce aux nouveaux barrages opérationnels depuis 2022. Parmi les barrages les plus remplis figurent celui d’Al Wahda, avec plus de 2 milliards de m³, suivi par les bassins de Sebou (1,16 milliard), Oum Errbia (580 millions), Drâa-Oued Noun (284 millions), Guir-Ziz-Rheris (275 millions), Souss-Massa (139 millions), Tensift (81 millions) et Loukkos (448 millions).
Malgré une amélioration notable, les précipitations restent inférieures de 25 % à la moyenne saisonnière. De septembre 2024 à mars 2025, le nord du pays a reçu en moyenne 58 mm de pluie contre seulement 7 mm pour le sud, accentuant la disparité régionale. Toutefois, ces apports ont permis de sécuriser l’approvisionnement en eau potable pour une durée allant d’un an à trois ans, selon les régions.
Le ministre a précisé que l’inquiétude qui pesait sur l’été 2025 s’estompe désormais pour la majorité des bassins hydrauliques, à l’exception de certaines provinces du Sud, toujours en situation critique. Grâce à cette amélioration, des volumes supplémentaires d’eau seront alloués à l’irrigation agricole, ce qui représente une bouffée d’oxygène pour les agriculteurs après plusieurs campagnes fragilisées par la sécheresse.
Dans le cadre des solutions structurelles, le Maroc accélère la réalisation des stations de dessalement, notamment celle de Jorf Lasfar, qui alimente désormais à 80 % les provinces de Casablanca Sud, Berrechid, Settat et Had Soualem. La ville de Safi, quant à elle, est entièrement desservie par l’eau de mer dessalée. Le projet de la station de Casablanca est en cours de finalisation.
Par ailleurs, le gouvernement mise sur l’interconnexion des bassins hydrauliques pour sécuriser l’accès à l’eau potable. La liaison entre les bassins de Sebou et Bouregreg en est un exemple emblématique. De même, la région de Marrakech et Al Haouz bénéficiera d’un approvisionnement garanti jusqu’en mai 2026, grâce au couplage entre dessalement et interconnexion.
Un autre projet d’envergure est en cours : l’autoroute de l’eau reliant Oued Laou à Loukkos, puis à Oum Errbia, visant à rééquilibrer les ressources entre bassins excédentaires et déficitaires. L’étude technique de ce chantier devrait être finalisée en juin prochain.
Concernant la réutilisation des eaux usées, la capacité de traitement actuelle s’élève à 40 millions de m³, et devrait atteindre 70 millions en 2027, avec un objectif de 350 millions d’ici 2035. Ces eaux traitées seront destinées à l’irrigation des espaces verts et infrastructures sportives.
Nizar Baraka a rappelé l’engagement massif de l’État dans le secteur hydraulique, avec un investissement total de 140 milliards de dirhams dans les infrastructures liées à l’eau, démontrant une volonté politique forte de faire face aux défis climatiques et de garantir la sécurité hydrique nationale.