Dans une décision historique, le parlement sud-coréen a approuvé ce samedi 14 décembre la destitution du président Yoon Suk Yeol. Cette mesure survient à la suite de la tentative controversée du chef de l’État de déclarer la loi martiale le 3 décembre, provoquant une vive opposition et des protestations de masse à travers le pays. Le scrutin a réuni 204 voix favorables, dépassant le seuil requis de 200 sur les 300 législateurs, tandis que 85 d’entre eux ont voté contre.
Un acte controversé qui a ébranlé la démocratie sud-coréenne
L’annonce de la loi martiale par Yoon Suk Yeol, invoquant des menaces émanant de forces antiétatiques et de la Corée du Nord, a rapidement été perçue comme une tentative de consolider son pouvoir face à des difficultés politiques internes. Ce geste, jugé disproportionné et contraire aux principes démocratiques, a suscité l’indignation nationale, forçant le président à revenir sur sa décision peu après.
Face à la pression populaire, des milliers de citoyens se sont mobilisés dans les rues de Séoul, exigeant la démission immédiate du chef de l’État. Cette effervescence citoyenne a accéléré les efforts de l’opposition parlementaire pour faire voter la motion de destitution. Le président Woo Won-shik a déclaré, à l’issue du scrutin, que « l’avenir de la République de Corée repose sur la volonté de son peuple ».
Un futur incertain pour Yoon Suk Yeol et la Corée du Sud
Conformément aux procédures constitutionnelles, Yoon Suk Yeol est immédiatement suspendu de ses fonctions. Son intérim sera assuré par le Premier ministre Han Duck-soo, en attendant la décision finale de la Cour constitutionnelle. Celle-ci dispose de 180 jours pour confirmer ou invalider la destitution. Si la décision est validée, une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans les 60 jours suivant le verdict.
Dans une allocution diffusée peu après l’annonce de sa destitution, Yoon Suk Yeol a exprimé sa frustration tout en appelant à la fin des confrontations politiques. « Je prends vos critiques au sérieux et je continuerai à servir ce pays jusqu’à la fin », a-t-il déclaré.
Cependant, le climat politique reste tendu. Selon Leif-Eric Easley, professeur à l’université Ewha de Séoul, cette décision marque « un tournant, mais non la résolution des troubles politiques ». La Cour constitutionnelle devra également trancher sur les compétences du favori de l’opposition, Lee Jae-myung, qui fait face à des problèmes juridiques pouvant compromettre sa candidature.
Des réactions contrastées au sein du pays
L’annonce de la destitution a provoqué des réactions opposées. Devant le parlement, des scènes de liesse ont éclaté, ponctuées de feux d’artifice et de chants populaires. « C’est un nouveau départ pour notre pays », s’est exclamé un manifestant.
En revanche, les partisans de Yoon Suk Yeol, rassemblés sur la place Gwanghwamun, sont restés silencieux, exprimant leur crainte pour l’avenir. Son Bang-gle, une sympathisante du président, a confié : « Je suis inquiète pour notre pays. Ce n’est pas seulement une question politique, c’est notre unité nationale qui est en jeu. »
Alors que la Corée du Sud entre dans une période d’incertitude politique, l’issue de ce processus pourrait redéfinir le paysage politique du pays pour les années à venir.