L’histoire d’Abdelilah, surnommé « Moul Lhout », a enflammé les réseaux sociaux ces derniers jours. Ce jeune poissonnier de Marrakech a attiré l’attention du grand public en proposant du poisson à un prix défiant toute concurrence : entre 4 et 5 dirhams le kilo, bien en dessous des tarifs habituels. Une initiative saluée par de nombreux consommateurs, mais qui lui a valu de fortes pressions de la part des commerçants du secteur.

Un phénomène né en février 2025
C’est au début du mois de février 2025 que le nom d’Abdelilah commence à circuler sur les réseaux sociaux. Vendant du poisson à des prix très bas dans une ville non côtière, il s’attire rapidement la sympathie des Marrakchis. Le phénomène prend de l’ampleur lorsque des clients partagent des vidéos montrant ses prix imbattables par rapport à ceux pratiqués dans les marchés habituels.

Une fermeture brutale et une vague de solidarité
Le 25 février 2025, une commission mixte composée de représentants des autorités locales et des services sanitaires décide de fermer son commerce pour des « infractions administratives », notamment l’absence d’affichage des prix et le non-respect des conditions de stockage des produits congelés.

Cette fermeture suscite immédiatement une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes dénoncent un acharnement contre un jeune entrepreneur tentant d’offrir du poisson à prix abordable dans une ville où les coûts alimentaires ne cessent d’augmenter. Le débat sur la spéculation et les monopoles du marché s’intensifie, opposant défenseurs du commerce équitable et acteurs du secteur accusés de pratiques abusives.

L’intervention du wali et la réouverture du commerce
Face à la pression populaire, Farid Chourak, wali de la région Marrakech-Safi et gouverneur de la préfecture de Marrakech, intervient dès le lendemain, le 26 février 2025. Il ordonne la mise en place d’une commission chargée de trouver une solution permettant à Abdelilah de reprendre son activité dans un cadre légal.

C’est dans une ambiance festive que le jeune poissonnier est accueilli le même jour, accompagné d’une camionnette remplie de poisson, au marché central du quartier Al-Mhamid. Il reçoit alors l’autorisation temporaire de poursuivre son commerce, en attendant d’obtenir une licence officielle pour exercer légalement son activité; il retrouve ainsi son étal et ses clients, déterminé à poursuivre son engagement pour un poisson à prix accessible. Son retour marque un nouvel épisode dans cette affaire qui a mis en lumière les enjeux de la spéculation et de la concurrence dans le secteur du commerce alimentaire au Maroc.

Un marché sous tension
L’affaire Abdelilah « Moul Lhout » a mis en lumière les dysfonctionnements du marché du poisson au Maroc. Selon la Confédération nationale des grossistes de poisson, les prix pratiqués sur le marché devraient rester accessibles, même en tenant compte des coûts de transport et de logistique. Pourtant, des pratiques spéculatives et une absence de régulation efficace permettent à certains acteurs d’imposer des tarifs bien plus élevés, au détriment des consommateurs.

Dans un communiqué publié le 27 février 2025, le Forum marocain des droits de l’Homme de Marrakech-Safi
a dénoncé les pratiques des « lobbies du poisson » et appelé les autorités à ouvrir une enquête sur la gestion du secteur. Il pointe du doigt la manipulation des prix et le manque de transparence dans la distribution, qui pénalisent aussi bien les petits commerçants que les citoyens.

Le cas d’Abdelilah aura au moins eu le mérite de relancer le débat sur la régulation des prix des produits de première nécessité et la lutte contre la spéculation. Entre soutien populaire et résistance des acteurs économiques, son histoire illustre les défis auxquels sont confrontés les petits commerçants marocains face à un marché souvent dominé par de puissants intermédiaires.

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