L’intelligence artificielle redéfinit les enjeux économiques mondiaux, et l’Afrique se positionne comme un nouveau terrain stratégique pour les géants technologiques. Après l’annonce de son implantation en Afrique du Sud d’ici juin 2025, NVIDIA élargit ses ambitions sur le continent. Le Maroc figure parmi les destinations privilégiées du leader mondial des semi-conducteurs, aux côtés de l’Égypte et du Nigéria. Ce choix reflète la montée en puissance du royaume dans la transformation numérique et son potentiel à devenir un hub technologique régional.
L’essor des usines d’intelligence artificielle s’inscrit dans une dynamique mondiale où États-Unis, Europe et puissances émergentes rivalisent pour dominer le secteur. En 2023, la Commission européenne a consacré 1,5 milliard d’euros à la modernisation et à la création d’infrastructures dédiées à l’IA, visant à renforcer l’autonomie technologique du continent. Les usines d’IA, concept encore méconnu du grand public, reposent sur quatre piliers : un pipeline de données, la conception d’algorithmes, une infrastructure logicielle avancée et une plateforme d’expérimentation. Ces structures permettent d’entraîner et de perfectionner des modèles d’intelligence artificielle, répondant aux besoins croissants des entreprises et institutions.
C’est dans ce contexte que NVIDIA a annoncé son partenariat avec Cassava Technologies pour établir une usine d’IA en Afrique du Sud. Strive Masiyiwa, fondateur de cette holding panafricaine, prévoit d’implanter les technologies de calcul accéléré de NVIDIA dans ses centres de données répartis sur le continent. Parmi les pays ciblés, le Maroc bénéficie d’un positionnement stratégique qui pourrait en faire un acteur clé de cette expansion.
Le Maroc mise depuis plusieurs années sur l’économie numérique pour diversifier son développement. Avec un cadre réglementaire attractif, des infrastructures en plein essor et une volonté politique affirmée, le pays cherche à renforcer son attractivité auprès des grandes firmes technologiques. « Le Maroc ne se limite pas à accueillir des investisseurs, il structure un écosystème capable d’intégrer et de catalyser la transformation numérique africaine », souligne Redouane El Haloui, président de l’Apebi. En témoignent les initiatives telles que la Fédération Africaine des Entreprises du Numérique (FADB) et le partenariat avec Smart Africa, visant à fédérer les stratégies digitales sur le continent.
L’implantation d’une usine IA au Maroc par NVIDIA pourrait marquer un tournant décisif. Outre les investissements directs, un tel projet stimulerait l’ensemble du secteur technologique national en favorisant la formation de talents spécialisés et en améliorant les capacités en cloud computing et en intelligence artificielle. « Pour attirer ce type d’acteurs, il est crucial d’adopter une approche globale, combinant développement des compétences, renforcement des infrastructures et incitations réglementaires », explique Omar Benmoussa, Managing Partner chez Maltem Academy.
Si le Maroc parvient à concrétiser cette ambition, il pourrait se positionner comme un pôle incontournable de l’intelligence artificielle en Afrique. Au-delà de NVIDIA, cette dynamique attirerait d’autres géants du secteur, consolidant ainsi le rôle du pays dans la révolution technologique du continent.