La génération Z, cette tranche d’âge née après 1996, peine à s’imposer durablement sur le marché du travail. Bien qu’elle soit souvent qualifiée de « digital native », cette nouvelle génération d’employés se heurte fréquemment aux codes et aux attentes des environnements professionnels traditionnels. Selon un article récent du magazine Inc., près de 60 % des employeurs ayant recruté des membres de la génération Z en 2023 admettent avoir mis fin à leur contrat avant la fin de l’année. Ces difficultés soulèvent une question essentielle : pourquoi cette génération semble-t-elle si mal adaptée à la culture d’entreprise actuelle ?
Une génération marquée par l’instabilité
L’une des raisons majeures des tensions entre la génération Z et les employeurs traditionnels est liée à une perception de manque de motivation. Il est facile de réduire cette situation à un problème de paresse ou de manque d’ambition, mais il convient de prendre en compte le contexte dans lequel cette génération a grandi. En effet, la génération Z a connu des événements économiques et sociaux traumatiques tels que la crise financière de 2008, la récession économique qui a suivi, ainsi que les bouleversements causés par la pandémie de COVID-19. Ces jeunes travailleurs ont été témoins de l’instabilité du marché du travail et de l’inefficacité des anciennes promesses de sécurité de l’emploi et de fidélité réciproque entre l’employé et l’employeur.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que les membres de la génération Z adoptent une attitude plus sceptique face aux parcours professionnels classiques. Pour eux, il est difficile de croire en un modèle qui, dans de nombreux cas, a échoué à récompenser les efforts à long terme. Selon un rapport de Deloitte, la génération Z valorise davantage les entreprises qui démontrent un véritable engagement social et éthique, mais se heurte à un système qui leur paraît obsolète et injuste.
Des modes de communication divergents
Un autre obstacle pour la génération Z est sa manière de communiquer au travail. Bien qu’elle soit réputée pour sa maîtrise des outils numériques, cette génération est moins à l’aise avec les formes de communication traditionnelle, notamment en face-à-face. En grande partie, les premiers emplois des jeunes de la génération Z ont eu lieu pendant la pandémie, où les interactions se faisaient principalement par messagerie texte ou par vidéoconférence. Cela a conduit à une lacune en termes de compétences interpersonnelles, notamment pour gérer des réunions en personne ou des présentations.
Les entreprises, en revanche, attendent souvent que les jeunes s’adaptent à un environnement de travail où les interactions physiques sont essentielles. Le manque d’expérience dans ce domaine peut mener à des malentendus, des erreurs de communication et à la perception erronée que ces jeunes ne sont pas impliqués ou professionnels. Pourtant, dans bien des cas, il ne s’agit pas d’une question de manque d’intérêt, mais simplement d’une manière différente de s’exprimer, qui n’est pas toujours comprise par leurs aînés.
La quête d’un équilibre entre vie professionnelle et personnelle
Enfin, un autre facteur déterminant du malaise de la génération Z dans le monde du travail traditionnel réside dans leur rejet de la culture de l’épuisement professionnel, qui prône la disponibilité constante et les heures de travail excessives. Contrairement aux générations précédentes qui ont souvent idéalisé l’idée du travail acharné au détriment de la vie personnelle, la génération Z accorde une grande importance à l’équilibre entre travail et bien-être personnel.
Un rapport de Deloitte de 2023 révèle que 50 % des répondants de la génération Z citent l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle comme un critère majeur lors du choix de leur emploi. Ce rejet de la culture du « hustle » a conduit à une plus grande mobilité professionnelle au sein de cette génération. Là où leurs prédécesseurs toléraient des environnements de travail toxiques ou des horaires de travail non flexibles, la génération Z préfère quitter un poste qui ne répond pas à ses attentes de bien-être, sans hésitation. Pour cette génération, la carrière n’est pas synonyme de sacrifice permanent, et elle n’hésite pas à s’exprimer et à rechercher des environnements de travail plus respectueux de ses besoins.
La génération Z face à un monde du travail en mutation
Il est essentiel de comprendre que les difficultés rencontrées par la génération Z au travail ne sont pas le résultat d’une inefficacité ou d’une mauvaise attitude. Bien au contraire, elles découlent souvent de l’inadéquation entre les valeurs et attentes de cette génération et un système professionnel vieillissant, qui a encore du mal à s’adapter aux évolutions sociales et économiques. La génération Z ne cherche pas à fuir le travail ou à éviter la réussite, mais elle cherche un environnement plus flexible, éthique et respectueux de son bien-être. Face à ces nouvelles exigences, les entreprises doivent faire preuve de flexibilité et repenser leurs méthodes pour répondre aux attentes de cette nouvelle génération de travailleurs.