Le monde du recrutement est en pleine évolution, mais une nouvelle tendance perturbe de plus en plus les entreprises : le « career catfishing ». Ce phénomène, qui fait référence à des candidats ayant disparu au dernier moment ou n’ayant pas pris leur poste après avoir été recrutés, devient de plus en plus fréquent, surtout parmi les jeunes générations. Si le « catfishing » est connu dans le monde des rencontres en ligne, où des individus créent de fausses identités pour tromper leurs interlocuteurs, il semble que cette pratique se soit étendue au monde du travail.
Le « Career Catfishing » : qu’est-ce que c’est ?
Le « career catfishing » désigne des candidats qui, après avoir passé plusieurs étapes de recrutement et parfois même accepté une offre, disparaissent sans laisser de trace avant de prendre leur poste. Alors que leur enthousiasme était palpable lors des entretiens, ces individus choisissent de ne pas donner de nouvelles ou d’indiquer qu’ils ne se présenteront pas le jour J. Ce comportement crée de nombreuses frustrations au sein des entreprises qui, après avoir investi du temps et de l’énergie dans le processus de recrutement, se retrouvent souvent désemparées.
Des jeunes générations de plus en plus concernées
Cette tendance est particulièrement répandue parmi les jeunes générations, notamment les millennials et la génération Z. Une étude menée par CV Genius a révélé que 34 % des salariés de la génération Z et 24 % des millennials au Royaume-Uni ont déjà fait faux bond à un employeur après avoir accepté une offre. Aux États-Unis, une enquête menée par PapersOwl révèle que 29 % des moins de 35 ans ont déjà « ghosté » un employeur, c’est-à-dire qu’ils ont cessé toute communication après avoir accepté un poste. Ce phénomène semble avoir des racines profondes dans le rapport de force entre recruteurs et candidats, avec un nombre croissant de jeunes travailleurs qui se sentent en position de pouvoir.
Les raisons du « Career Catfishing »
Les raisons derrière ce phénomène sont multiples et variées. Pour certains, cela représente un moyen de tester les limites du processus de recrutement. D’autres se retrouvent effrayés par l’idée de rejoindre une entreprise qui, finalement, ne correspond pas à leurs attentes ou qui semble moins intéressante qu’ils ne le pensaient. Parmi les autres explications, on trouve des préoccupations concernant la rémunération, jugée insuffisante par rapport aux qualifications du candidat, ou encore un sentiment de lassitude face à un processus de recrutement jugé trop long ou peu transparent.
Une étude menée en 2024 par Indeed et OpinionWay a également révélé que près de la moitié des recruteurs (47 %) admettent avoir laissé des candidats sans réponse après un entretien, un comportement qui pourrait expliquer en partie la montée du « career catfishing ». Certains candidats pourraient voir dans ce silence un acte de revanche après avoir eux-mêmes été « ghostés » au cours du processus.
Les risques liés au « Career Catfishing »
Bien que ce phénomène puisse sembler anodin pour les candidats qui se sentent en position de force, il comporte des risques non négligeables. Dans un monde professionnel de plus en plus interconnecté, laisser une entreprise en plan peut rapidement nuire à la réputation du salarié. Les recruteurs, tout comme les candidats, se connaissent souvent au sein d’un même secteur, et les DRH changent fréquemment d’entreprise. Ce qui peut commencer par une simple fuite pourrait rapidement se transformer en une réputation difficile à effacer.
La Transparence comme solution
Le « career catfishing » n’est donc pas un phénomène unilatéral. Si les recruteurs peuvent parfois manquer de réactivité, notamment en omettant de répondre aux candidats après un entretien, les candidats, de leur côté, devraient privilégier la transparence. Un refus clair est toujours mieux perçu qu’un silence radio. Ce phénomène met en lumière un déséquilibre sur le marché du travail, mais il rappelle aussi l’importance d’une communication honnête et fluide, tant du côté des recruteurs que des candidats.