Le ministère de la Santé et de la Protection sociale s’apprête à lancer un projet de loi majeur portant sur la réorganisation des urgences médicales pré-hospitalières. L’annonce a été faite mardi par le ministre Amine Tahraoui lors d’une séance à la Chambre des conseillers, consacrée à la situation critique des urgences dans les hôpitaux régionaux.
Ce futur cadre juridique ambitionne de structurer et d’optimiser la gestion des interventions d’urgence avant l’arrivée à l’hôpital. Il vise notamment une meilleure coordination entre les différents acteurs concernés : services de la protection civile, collectivités territoriales, centres d’appel d’urgence, et services d’aide médicale urgente. Le but est clair : raccourcir les délais d’intervention, améliorer la prise en charge sur le terrain et renforcer le maillage sanitaire du pays.
Dans son intervention, le ministre a insisté sur le rôle clé du numéro gratuit 141, dispositif central d’alerte et de réponse rapide, dont le développement s’inscrit dans une volonté de renforcer l’action pré-hospitalière. Cette dynamique s’intègre dans une réforme plus large du système national de santé, dans laquelle les urgences occupent une place stratégique.
À l’heure actuelle, le secteur public marocain compte 155 services d’accueil des urgences, déployés selon trois niveaux de référence :
- 100 unités de base dans les hôpitaux locaux et provinciaux,
- 24 services complets dans les hôpitaux régionaux et universitaires,
- 31 unités spécialisées pour les cas les plus critiques.
Les hôpitaux universitaires disposent tous d’un service d’urgence complet, équipé pour faire face aux cas médicaux les plus complexes. En 2024, plus de six millions de consultations urgentes ont été enregistrées, illustrant la pression constante sur ces structures.
Pour faire face à cette surcharge, 110 unités de proximité ont été créées afin de désengorger les centres régionaux. Cependant, malgré ces avancées, les défis persistent. Le ministre a reconnu un déficit en personnel médical spécialisé, une infrastructure parfois dépassée, et un besoin pressant de renouvellement des équipements.
En réponse, le ministère envisage plusieurs actions : réhabilitation des services d’accueil selon un guide référentiel national, création de salles de tri, amélioration des conditions d’hospitalisation, et équipement de nouvelles unités mobiles ou de proximité. L’objectif est d’offrir des soins d’urgence mieux répartis, plus accessibles, et plus performants à travers le territoire.
Cette réforme, une fois le projet de loi finalisé et adopté, pourrait marquer un tournant dans la prise en charge des urgences médicales au Maroc, répondant à un besoin pressant de réactivité, d’efficacité et de dignité pour les patients en situation critique.