Alors que les marques marocaines peinent à capter l’attention d’un public de plus en plus réfractaire à la publicité traditionnelle, une voie semble tracer son sillon avec efficacité : celle du marketing d’influence. Une récente étude exploratoire, menée par Hajar Slimani et Amina El Idrissi Tissafi et publiée sur ResearchGate, s’est penchée sur l’impact réel de cette pratique sur le comportement des internautes marocains. Les conclusions de ce travail, qui conjugue rigueur académique et pertinence sociétale, jettent un éclairage précieux sur une tendance désormais incontournable dans le paysage publicitaire.
Des prescripteurs d’un nouveau genre
Les influenceurs ne sont plus de simples figures du divertissement digital. Pour une large frange de consommateurs, ils incarnent des prescripteurs crédibles, parfois même des repères de consommation. L’étude révèle ainsi que les internautes marocains sont particulièrement réceptifs aux recommandations diffusées par ces profils numériques. Leur attachement repose moins sur des stratégies de séduction tapageuses que sur la proximité, la régularité des contenus et un sentiment de sincérité dans les interactions.
Mais cette influence n’est pas automatique. Elle dépend de critères bien identifiés : l’expertise perçue de l’influenceur dans son domaine, la qualité du contenu partagé, et surtout, la transparence affichée dans la relation entre marque et créateur. À défaut de ces ingrédients, la confiance peut rapidement se muer en suspicion, voire en rejet.
Le revers de l’authenticité instrumentalisée
Si les résultats sont prometteurs pour les marques, ils viennent aussi avec des lignes rouges à ne pas franchir. L’étude souligne en effet qu’un usage excessif ou maladroit du marketing d’influence peut produire l’effet inverse de celui escompté. Les consommateurs marocains, mieux informés et plus critiques, se montrent de plus en plus vigilants face à des contenus jugés artificiels ou motivés exclusivement par des intérêts commerciaux. La crédibilité, lorsqu’elle est entachée, se révèle difficile à restaurer.
Des enseignements pour les entreprises marocaines
Les auteures de l’étude insistent sur l’importance de nouer des collaborations stratégiques avec des influenceurs en adéquation avec les valeurs de l’entreprise. Loin des partenariats opportunistes, la performance d’une campagne d’influence repose sur une alchimie subtile entre authenticité, pertinence du message et ciblage précis.
En somme, le marketing d’influence ne saurait être réduit à une simple vitrine digitale. Il exige une compréhension fine des mécanismes de confiance et de l’univers socioculturel des publics visés. L’étude de Slimani et El Idrissi Tissafi vient confirmer que, dans le contexte marocain, cette approche peut s’avérer redoutablement efficace – à condition d’en maîtriser les codes et d’en respecter l’éthique implicite.