Le groupe Saham, dirigé par l’ex-ministre de l’Industrie Moulay Hafid Elalamy, franchit une étape décisive dans son expansion bancaire en obtenant le feu vert de Bank Al-Maghrib pour l’acquisition de la Société Générale Maroc. Cette autorisation marque la fin d’un long processus et la conclusion d’une transaction d’une envergure notable, après plusieurs mois de négociations.
Le 1er novembre, Bank Al-Maghrib a validé l’acquisition par Saham de 57,67% du capital de la Société Générale Marocaine de Banques (SGMB), ainsi que de ses filiales, dont Eqdom, Sogelease et SG Offshore. Ce feu vert constitue la dernière étape avant la finalisation de la transaction, prévue pour début décembre à Casablanca. Selon des sources proches du dossier, le « closing » de l’opération pourrait marquer un tournant dans le secteur bancaire marocain, où la concurrence s’intensifie.
L’accord de cession, annoncé en avril 2024 pour un montant de 745 millions d’euros, s’inscrit dans une stratégie plus large de la Société Générale visant à réduire sa présence en Afrique, à la suite de désengagements précédents dans plusieurs pays du continent, tels que le Congo, le Tchad, et prochainement la Guinée équatoriale et le Burkina Faso. Ce retrait partiel de l’Afrique permet à la banque française de concentrer ses efforts sur un modèle plus simplifié, jugé plus performant, notamment en Europe.
À travers cette acquisition, le groupe Saham reprend l’ensemble des activités de la Société Générale Maroc, y compris la compagnie d’assurance La Marocaine Vie, précédemment détenue par la Société Générale via sa filiale Sogecap. En plus des actifs financiers, tous les employés de la Société Générale Maroc seront intégrés dans les équipes de Saham, un groupe connu pour sa diversification dans les secteurs de l’assurance, des services financiers et de l’offshoring à travers le Maghreb et l’Afrique.
Ce rachat, qui intervient après une longue attente, va également redessiner la carte du secteur bancaire marocain, un marché dominé par des acteurs tels qu’Attijariwafa Bank, la Banque Centrale Populaire (BCP) et Bank of Africa. La montée en puissance de Saham dans ce secteur risque de créer de nouvelles dynamiques concurrentielles et d’intensifier la compétition, tout en ouvrant des perspectives d’innovation et de consolidation dans le secteur bancaire marocain.
L’impact de cette transaction dépasse les frontières du secteur bancaire. Elle symbolise aussi l’émergence de nouveaux acteurs marocains qui prennent une place de plus en plus prépondérante sur la scène économique nationale. Pour Moulay Hafid Elalamy, cette acquisition représente un aboutissement majeur dans son projet de diversification et de consolidation de Saham, déjà bien ancré dans le domaine de l’assurance et de l’offshoring.
Cette opération s’inscrit ainsi dans une tendance plus large, observée au sein des grands groupes bancaires internationaux, qui cherchent à recentrer leurs activités tout en renforçant leur rentabilité. À l’heure où la Société Générale met en place une nouvelle stratégie de simplification, Saham semble, quant à lui, bien décidé à tirer parti de cette opportunité pour asseoir son influence sur le marché bancaire du Maroc et au-delà.
