Ce mardi 17 décembre, la ville de Konya s’est parée de mystère et de ferveur pour célébrer la clôture du Festival de Şeb-i Arus au centre culturelle Melvana. Dans un monde où tout s’accélère, où nos vies ne sont qu’une course effrénée contre la montre, que ressent-on lorsque tout s’immobilise et que l’on plonge dans une danse qui touche l’éternité ?

Une nuit où l’éphémère tutoie l’infini
À Konya, cette terre à la fois éternelle et mystique, le temps semblait suspendu. Les premiers derviches tourneurs ont fait leur entrée, déambulant avec une lenteur solennelle qui tranche avec la frénésie moderne.

Leurs tuniques blanches, immaculées comme des linceuls d’âmes en quête d’éveil, tournaient et s’élevaient, métaphoriquement, entre ciel et terre. Le rythme lancinant de la flûte ou Ney en turc enveloppait les spectateurs, comme si chaque note murmurait des secrets anciens. Vous est-il déjà arrivé d’oublier qui vous êtes, où vous êtes, pour simplement exister dans l’instant ? C’est ça, le Şeb-i Arus.

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Dans la vision du grand Jalal al-Dîn Rûmî, la mort n’est pas une fin, mais une rencontre. Un mariage mystique entre l’âme et l’infini, entre l’homme et son Créateur.

Rûmî voyait ce passage comme une célébration joyeuse, et non un deuil. « Pourquoi pleurer une union tant attendue ? » semble-t-il nous dire à travers ses écrits. Alors, à Konya, ce 17 décembre, les pleurs cédaient leur place comme chaque année à la contemplation, et l’ombre de la tristesse à la lumière de la vérité.

Une danse qui élève l’âme
Le Sema, cette danse circulaire sacrée, nous ensorcelle. Les derviches tournent, encore et encore, comme les astres dans une galaxie où chaque être humain est une étoile à la recherche de son centre.
Leur main droite levée vers le ciel pour recevoir la bénédiction divine, la main gauche dirigée vers la terre pour la transmettre aux hommes. Chaque pas, chaque rotation est un pas de plus vers l’éveil spirituel. Est-ce une chorégraphie ? Une prière ? Ou simplement un souffle de l’univers incarné dans un corps humain ?

Konya, capitale de l’éternel
La ville de Konya, où repose Jalâl al-Dîn Rûmî, est plus qu’une destination. C’est un pèlerinage de l’âme pour ceux qui cherchent un sens dans ce monde. Le Mausolée de Mevlana, enveloppé de prières et de silences méditatifs, accueille chaque jour des visiteurs de tous horizons. Chacun y dépose ses questions, ses douleurs, et repart souvent avec une réponse venue d’un autre temps.

Et vous, que cherchez-vous ?
Le Festival de Şeb-i Arus est bien plus qu’un simple évènement culturel. C’est une invitation à ralentir, à oublier le tumulte du monde pour entendre le murmure de l’âme. C’est un moment où l’on apprend que tourner sur soi-même, ce n’est pas se perdre, mais se trouver.

En quittant Konya ce soir, un sentiment s’impose : la sagesse de Rûmî ne s’est pas éteinte. Elle brille encore, éclairant un chemin vers la tolérance, l’amour et la paix. Comme il le disait :
« Viens, qui que tu sois. Viens, même si tu es tombé mille fois. Viens, viens encore… »
Ce mardi 17 décembre, la danse des derviches nous a rappelé que, parfois, pour avancer, il faut simplement tourner autour de soi jusqu’à atteindre l’essence de ce que nous sommes.
Et vous, seriez-vous prêts à vous arrêter pour écouter le silence ?

 

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