L’idée d’un Paris survolé par des « taxis volants » électriques reste une chimère. Mercredi, le Conseil d’État a porté un coup fatal à ce projet controversé, en annulant un arrêté ministériel autorisant l’installation d’une base de décollage et d’atterrissage sur la Seine, au niveau d’Austerlitz.
Cette décision, loin d’être un simple revers, illustre les défis juridiques et politiques auxquels font face les défenseurs de cette innovation. Si la juridiction administrative avait donné un feu vert temporaire en juillet dernier, elle a finalement tranché en faveur des opposants, estimant que le gouvernement avait omis de consulter l’Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires (Acnusa), comme l’exige la loi.
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Le ciel parisien se referme
À l’origine du recours, la Ville de Paris et des associations telles que l’Union française contre les nuisances des aéronefs (UFCNA) dénonçaient l’impact environnemental et sonore de ces engins futuristes. Face à eux, le Groupe ADP, allié au constructeur allemand Volocopter, portait ce projet avec le soutien du gouvernement, espérant en faire une vitrine mondiale à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de 2024.
Mais l’ambition s’est heurtée à la réalité. Le Conseil d’État a, de surcroît, condamné l’État à verser 6 000 euros de frais de justice aux requérants, répartis entre les associations et la Ville de Paris. Cette décision s’ajoute à une série d’échecs pour le projet, qui avait déjà dû renoncer à voler pendant les JO, faute d’avancées techniques et réglementaires suffisantes.
Un projet en perte d’altitude
L’année 2023 avait marqué un tournant : en novembre, le Conseil régional d’Île-de-France annulait une subvention d’un million d’euros accordée un an plus tôt à ADP, évoquant les retards accumulés. De son côté, Volocopter n’avait pas obtenu dans les délais la certification de l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA), indispensable pour transporter des passagers payants.
L’aéronef, dans sa version actuelle, est loin de susciter l’engouement escompté. Ce véhicule biplace, équipé de 18 rotors et alimenté par des batteries électriques, peine à convaincre. Présenté initialement comme un mode de transport révolutionnaire et décarboné, il est désormais défendu par ses promoteurs pour des usages plus pragmatiques : évacuations sanitaires, transports d’organes ou interventions d’urgence.
L’innovation face à la résistance
Si ADP plaide en faveur de l’innovation, arguant que Paris risque de prendre du retard face à une concurrence internationale féroce, la résistance municipale est unanime. À Paris, majorité et opposition s’accordent pour rejeter ces engins, les qualifiant d’utopie nuisible.
Le rêve de taxis volants pour une élite pressée semble s’être écrasé sous le poids des contraintes réglementaires et des critiques locales. Le ciel parisien, pour l’heure, restera l’apanage des oiseaux et des rêves.