Le 3 février 2025, Stellantis a dévoilé une série de changements majeurs au sein de son état-major, marqués par l’éviction inattendue de Carlos Tavares fin décembre 2024. La réorganisation interne, orchestrée par le président John Elkann, intervient dans un contexte où le groupe, né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler Automobiles, cherche à renforcer son agilité et à corriger les dérives laissées par l’ex-directeur général. Ces bouleversements sont particulièrement visibles dans les secteurs français, où les marques Peugeot et DS Automobiles vont accueillir de nouveaux dirigeants.
Réorganisation de l’état-major : simplification et agilité accrue
L’objectif de cette réorganisation est de « simplifier davantage notre organisation et d’accroître notre agilité », comme l’explique le communiqué de Stellantis. John Elkann, héritier de la famille Agnelli et figure montante du groupe, prend ainsi une place plus active dans les décisions du groupe, après avoir jusque-là joué un rôle discret sous la direction de Carlos Tavares. Derrière ces changements se cache également une volonté de rectifier certains manquements, notamment dans les performances commerciales de plusieurs marques.
Peugeot et DS Automobiles en pleine refonte
Chez Peugeot, l’impact de la réorganisation est majeur. Linda Jackson, qui avait dirigé la marque depuis 2014, fait ses adieux à l’entreprise et part à la retraite. Son remplacement se fera par Alain Favey, ancien dirigeant d’Europcar et ex-Citroën. La marque au lion, bien que la plus importante de Stellantis sur le marché européen, a connu des revers significatifs sous sa direction. La perte de parts de marché, notamment en France, où la part de marché est passée de 17% en 2021 à 13,5% en 2024, a jeté une ombre sur son bilan. Favey aura pour mission de redresser la barre et de redynamiser la marque face à une concurrence accrue.
Dans le même temps, DS Automobiles, la marque premium de Stellantis, va également changer de direction. Xavier Peugeot, membre de la famille fondatrice et directeur des véhicules utilitaires du groupe, prendra la tête de la division DS. La marque, qui n’a pas atteint les ambitions fixées par Carlos Tavares en 2014 (300 000 à 400 000 véhicules annuels), plafonne à environ 56 000 unités. Son nouveau patron devra restaurer sa légitimité et sa place sur le créneau du luxe automobile, particulièrement complexe à conquérir.
Des ajustements dans la direction des divisions clés
Le domaine du marketing et des services de mobilité partagée subit également des transformations. Olivier François, l’ex-directeur de DS, sera désormais responsable d’une nouvelle division mondiale dédiée au marketing de Stellantis. Il aura la lourde tâche de corriger les erreurs commises sur le marché américain, où le groupe a connu une baisse significative de ses volumes en 2024. Une réorganisation qui vise à relancer l’image du constructeur en Amérique du Nord après une chute de 25% de ses ventes.
Dans le même ordre d’idées, le départ de deux autres figures clés de l’ère Tavares marque un tournant : Yves Bonnefont, responsable du logiciel, et Brigitte Courtehoux, directrice de Free2move, qui quitteront leurs postes. L’avenir des deux divisions, pourtant à fort potentiel de croissance, semble désormais plus incertain. Sous la direction de Tavares, ces entités étaient censées représenter des milliards d’euros d’activité d’ici 2030, mais leurs performances restent bien inférieures aux prévisions.
Antonio Filosa : l’homme à suivre de près
L’un des changements les plus significatifs concerne Antonio Filosa, un dirigeant de l’ancienne équipe Fiat, qui voit son rôle se renforcer au sein du groupe. Actuellement responsable des opérations en Amérique du Nord, il prend également en charge la direction mondiale de la qualité, un poste stratégique dans un contexte où Stellantis fait face à plusieurs problèmes de qualité, dont des défauts dans les airbags et des moteurs Puretech défectueux. Filosa, étoile montante du groupe, pourrait bien être l’un des prétendants à la succession de Carlos Tavares, dont le départ laisse un vide important. La nomination d’Antonio Filosa à ce poste témoigne d’une confiance croissante en ses capacités à gérer les affaires du groupe à une échelle mondiale.
L’avenir de Stellantis : un chantier en construction
À l’heure actuelle, la direction de Stellantis semble vouloir aller au-delà de simples ajustements organisationnels. Si le groupe affiche clairement ses ambitions de simplification et de renforcement de son agilité, le défi reste de taille : la restructuration de l’état-major et la désignation du successeur de Carlos Tavares marqueront un tournant pour le groupe. En attendant, la nomination du futur directeur général pourrait intervenir avant le mois de juillet, une décision cruciale pour l’avenir de Stellantis.