L’industrie musicale retient son souffle. Ce lundi 5 mai 2025 marque l’ouverture du procès fédéral du rappeur et producteur Sean Combs, plus connu sous les noms de P. Diddy, Puff Daddy ou encore Diddy. Accusé de trafic sexuel, d’enlèvement, de corruption et de violences, l’ancienne figure de proue du hip-hop de la côte est américaine risque aujourd’hui la prison à vie.
À 55 ans, Sean Combs, autrefois roi des charts et icône du bling-bling new-yorkais, est devenu le principal protagoniste d’un scandale judiciaire de grande ampleur. Depuis son arrestation il y a huit mois, il est détenu dans un centre de Brooklyn en attendant son procès. Le dossier de l’accusation est lourd : l’artiste est soupçonné d’avoir mis son empire au service d’un système structuré de trafic à des fins d’exploitation sexuelle, actif sur une période de vingt ans, de 2004 à 2024.
Un empire au cœur d’un système de domination
Selon les procureurs fédéraux de Manhattan, Diddy aurait organisé des événements surnommés « freak-offs » – des marathons sexuels alimentés par la drogue – où des femmes étaient contraintes à des actes avec des travailleurs du sexe. Ces séances, parfois filmées, étaient dirigées par le producteur lui-même, qui aurait eu recours à la violence et à l’intimidation pour imposer sa volonté. L’acte d’accusation fait état de pratiques systématisées, dignes d’une entreprise criminelle, une qualification souvent utilisée dans les affaires de type mafieux.
Malgré la gravité des charges, Diddy a plaidé non coupable et continue de clamer son innocence. Son avocat, Marc Agnifilo, a esquissé la ligne de défense lors d’une audience préliminaire, évoquant un mode de vie « échangiste » et des relations sexuelles toujours consenties. L’artiste a également refusé un accord proposé par l’accusation.
Cassie, témoin clé du procès
Le procès pourrait durer plusieurs semaines, et la première étape consistera en la sélection du jury. Parmi les témoins attendus figure la chanteuse de R&B Cassie, ancienne compagne de Sean Combs. En 2023, elle avait intenté une action civile contre lui, affirmant avoir été victime de violences prolongées et d’un viol en 2018. Bien que l’affaire ait été rapidement réglée à l’amiable, elle a servi de déclencheur à une vague d’accusations similaires.
Une vidéo diffusée par CNN avait renforcé les soupçons : on y voyait l’artiste frapper violemment Cassie dans un hôtel de Los Angeles en 2016. Depuis, plus d’une centaine de plaintes au civil ont été déposées contre Sean Combs, hommes et femmes confondus, l’accusant de diverses formes d’agressions sexuelles. Le FBI a également procédé à des perquisitions dans ses résidences de Miami et Los Angeles.
Une industrie musicale sous le choc
Ce procès intervient dans un contexte où l’industrie musicale américaine, à la différence d’Hollywood, a été relativement épargnée par le mouvement #MeToo. Le seul précédent de cette ampleur reste celui de R. Kelly, condamné à 30 ans de prison en 2022. Pour de nombreuses associations, ce procès pourrait enfin briser l’impunité qui semble entourer certaines célébrités du monde du divertissement.
P. Diddy, qui a façonné la carrière d’artistes comme Mary J. Blige ou The Notorious B.I.G., a longtemps été perçu comme un génie du marketing, un pionnier du hip-hop et un homme d’affaires hors pair. Aujourd’hui, son image est ternie par des accusations qui pourraient le faire basculer définitivement dans l’infamie.
L’ouverture du procès, ironiquement prévue le même jour que le prestigieux Met Gala de New York, autrefois terrain de jeu du rappeur, symbolise le basculement d’un homme autrefois au sommet, aujourd’hui confronté à la perspective d’une chute vertigineuse.