Les récents propos de Donald Trump et d’Elon Musk contre l’Agence américaine pour le développement international (USAID) marquent une nouvelle phase de leur alliance politique et stratégique. En utilisant des accusations sévères à l’encontre de cette institution clé, les deux hommes continuent de faire avancer leur vision de la réduction du rôle de l’État fédéral, tout en donnant un pouvoir croissant à Musk pour réorganiser les structures gouvernementales à sa guise.
Trump et Musk s’en prennent violemment à l’USAID
Lors d’une conférence de presse dimanche, Donald Trump a exprimé son dédain pour l’USAID, la qualifiant de « bande de fous extrémistes ». Selon lui, l’agence devrait être fermée ou réformée de manière radicale. Trump a également suggéré que des décisions seraient prises sur l’avenir de l’organisation, sans entrer dans les détails. Ce discours s’inscrit dans une longue série de critiques qu’il adresse à des entités fédérales qu’il juge inefficaces et inutiles.
Dans le même temps, Elon Musk, via sa plateforme X, n’a pas ménagé l’USAID. Il l’a qualifiée d’« organisation criminelle » et a relayé des accusations sérieuses concernant des financements supposés de recherches en armes biologiques, notamment liées au COVID-19, sans fournir de preuves substantielles. Ces affirmations, bien qu’elles n’aient pas été étayées, ont trouvé un écho auprès de certains de ses 215 millions d’abonnés. Musk a également insinué que l’USAID était impliquée dans des activités de censure en ligne, ce qui a renforcé ses critiques contre l’agence.
USAID is a criminal organization https://t.co/Xzl70dmow1
— Elon Musk (@elonmusk) February 3, 2025
Tensions internes et critiques politiques
Une campagne de désinformation russe derrière les accusations ?
Les accusations portées par Musk et Trump semblent s’inspirer d’une campagne de désinformation attribuée à la Russie. Des responsables de l’administration Biden ont mis en garde contre la diffusion de fausses informations, soulignant que ces théories étaient souvent exploitées par des acteurs étrangers pour déstabiliser les institutions américaines. Néanmoins, l’ampleur de ces allégations soulève des questions sur la manière dont elles influencent l’opinion publique, notamment dans un contexte de méfiance croissante vis-à-vis des agences fédérales.
Le gel des crédits de l’USAID et ses conséquences
L’USAID, une agence indépendante créée par le Congrès, gère un budget de 42,8 milliards de dollars. Cet argent est destiné à l’aide humanitaire et au développement à travers le monde, des domaines où l’agence joue un rôle crucial. Toutefois, sous l’administration Trump, une grande partie de ces crédits a été suspendue, même si des exemptions ont été accordées pour les aides alimentaires et humanitaires essentielles.
Les critiques de l’USAID font partie d’une volonté plus large de réduire les dépenses publiques jugées superflues par Trump et Musk. D’après des informations non confirmées, Trump envisagerait de réintégrer l’USAID au sein du département d’État, une mesure qui pourrait affaiblir son indépendance et sa capacité à mener des missions à l’échelle mondiale.
Musk et Trump : vers un modèle de gouvernance parallèle ?
Elon Musk, à travers son initiative « Department of Government Efficiency » (DOGE), a déjà fait savoir qu’il comptait réduire les dépenses publiques et lutter contre la fraude et le gaspillage. Cependant, sa démarche soulève des inquiétudes quant à son absence de légitimité fédérale et à la question de savoir à qui il rend réellement des comptes. Bien que son rôle dans la réorganisation du gouvernement soit flou, Musk semble se rapprocher de Trump en prenant des mesures pour influencer des décisions politiques importantes, sans être élu ni avoir un statut officiel dans le gouvernement américain.
Des tensions internes se sont également intensifiées au sein de l’USAID, après que deux hauts responsables de la sécurité ont été suspendus suite à leur opposition à l’interférence de l’équipe de Musk dans les affaires de l’agence. Ces événements ont été relatés par la presse américaine, bien que le directeur de la communication de la Maison Blanche, Steven Cheung, ait rapidement démenti les informations, qualifiant les accusations de « fake news ».
Les critiques concernant l’implication de Musk dans les affaires gouvernementales ont trouvé un écho chez les opposants politiques. Alexandria Ocasio-Cortez, élue démocrate, a dénoncé l’ingérence de Musk dans des affaires sensibles de l’État, soulignant que cela représentait une menace pour la sécurité nationale. Selon elle, un « milliardaire non élu » n’a aucune légitimité pour accéder à des informations classifiées et influencer des décisions gouvernementales d’une telle envergure.
Une guerre ouverte contre les institutions
L’attaque de Trump et Musk contre l’USAID et d’autres agences gouvernementales ne semble être qu’un avant-goût d’une refonte plus large des structures étatiques américaines. En remettant en question l’existence même de certaines institutions, ils espèrent mettre en place un modèle plus favorable à leurs objectifs, tout en consolidant leur pouvoir personnel et économique. La question de savoir jusqu’où ils pourront aller dans cette démarche, et de quelles conséquences elle pourrait avoir sur la gouvernance américaine à long terme, reste ouverte.
