Les résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) 2024 dévoilent une série de transformations majeures pour le Maroc, marquées par le vieillissement de la population, une évolution notable des structures familiales et une présence affirmée de la langue amazighe dans la vie quotidienne. Ces dynamiques démographiques, socio-économiques et culturelles appellent à des ajustements stratégiques dans les politiques publiques.
En 2024, 5 millions de Marocains âgés de 60 ans et plus représentent 13,8% de la population totale, une augmentation significative par rapport aux 3,2 millions enregistrés en 2014. Ce vieillissement accéléré, couplé à une baisse de la fécondité, met en lumière une inversion de la pyramide des âges. Tandis que les seniors enregistrent un rythme d’accroissement annuel de 4,6%, la population des jeunes de moins de 15 ans diminue, passant de 28,2% en 2014 à 26,5% en 2024.
Cette transition démographique s’accompagne d’un élargissement des besoins en matière de santé, protection sociale et infrastructures adaptées. Les femmes, majoritaires parmi les seniors en raison de leur espérance de vie plus élevée, nécessitent des mesures spécifiques pour garantir leur autonomie et leur bien-être.
Les dynamiques socio-économiques
En parallèle, le RGPH met en lumière une croissance des ménages dirigés par des femmes, atteignant 19,2% en 2024, contre 16,2% une décennie auparavant. Ce phénomène, plus marqué en milieu urbain (21,6%), reflète une évolution des rôles sociaux et économiques des femmes au sein des structures familiales marocaines.
La taille moyenne des ménages est également en diminution, passant de 5,3 personnes en 2004 à 3,9 en 2024, tandis que les ménages composés d’une seule ou de deux à trois personnes augmentent respectivement de 3,9 et 5,6 points. Ces changements traduisent une recomposition des dynamiques familiales, portée par une urbanisation croissante et l’évolution des modes de vie.
La diversité linguistique : un enjeu culturel
Le RGPH 2024 révèle que 25% de la population marocaine utilise quotidiennement la langue amazighe, répartie entre tachelhit (14,2%), tamazight (7,4%) et tarifit (3,2%). Les régions Souss-Massa et Drâa-Tafilalet se distinguent par leur ancrage linguistique amazigh, avec des taux d’utilisation de tachelhit atteignant respectivement 63,2% et 25,8%.
Cependant, l’alphabétisation en amazigh reste faible, seulement 1,5% de la population sachant lire et écrire cette langue en utilisant la graphie Tifinagh. En comparaison, 57,7% des Marocains alphabétisés maîtrisent le français, tandis que l’anglais enregistre une progression notable avec 20,5%.
Enjeux et recommandations
Les résultats du RGPH appellent à une refonte des politiques publiques, axée sur :
- L’adaptation des services de santé pour répondre aux besoins des seniors, notamment en matière de prise en charge des maladies chroniques.
- Le renforcement des systèmes de protection sociale pour assurer la durabilité des retraites et une meilleure inclusion des femmes dans les structures économiques.
- La promotion de la langue amazighe, à travers des programmes d’alphabétisation et la valorisation de la diversité linguistique marocaine.
Ces transformations nécessitent une approche intégrée, conciliant le développement socio-économique et la préservation des identités culturelles.