Le taux de chômage au Maroc a légèrement augmenté au troisième trimestre 2024, atteignant 13,6 % contre 13,5 % à la même période en 2023, d’après la dernière note d’information du Haut-Commissariat au Plan (HCP). Ce rapport, publié le 4 novembre, indique une augmentation de 58 000 chômeurs supplémentaires sur l’année, portant le nombre total de personnes sans emploi à 1 683 000. Cette progression, bien que marginale, met en lumière un renforcement des disparités au sein du marché du travail marocain, particulièrement chez les jeunes, les femmes et les diplômés.
En effet, le chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans atteint désormais 39,5 %, marquant une hausse de 1,3 point. Les femmes sont également fortement impactées, avec un taux de chômage s’élevant à 20,8 %, soit une augmentation de 1 point. Pour les titulaires de diplômes, le chômage s’établit à 19,8 %, avec certaines catégories de diplômés enregistrant une aggravation notable. Les techniciens et cadres moyens, par exemple, ont vu leur taux de chômage grimper de 2,3 points, tandis que les diplômés de l’enseignement secondaire qualifiant ont également enregistré une hausse de 0,5 point. Cependant, le HCP souligne une légère amélioration pour les diplômés de l’enseignement supérieur, dont le taux de chômage est passé de 26,5 % à 24,9 %.
Les différences de chômage entre les zones rurales et urbaines révèlent aussi des nuances importantes. Le taux de chômage en milieu urbain demeure élevé, à 17 %, tandis qu’il a grimpé en milieu rural, passant de 7 % à 7,4 %. En conséquence, le chômage en milieu urbain a progressé de 42 000 personnes, et de 16 000 en milieu rural. Cette répartition géographique souligne la persistance d’écarts économiques entre ces deux milieux, malgré la légère croissance de l’emploi dans les zones urbaines.
Le sous-emploi, qui reflète les situations de travail partiel ou de décalage entre compétences et poste occupé, constitue une autre problématique préoccupante. Ce phénomène a touché 1 066 000 personnes, en augmentation de 60 000 par rapport à l’année précédente. Le taux de sous-emploi au niveau national est ainsi passé de 9,6 % à 10 %, avec des hausses notables en milieu urbain, de 8,1 % à 8,8 %, tandis qu’il est resté stable à 12 % en milieu rural. Le sous-emploi lié au nombre d’heures travaillées a, quant à lui, augmenté de 4,8 % à 5,5 % avec une hausse de 83 000 personnes.
Parallèlement, le volume global de l’emploi a connu une augmentation de 213 000 postes entre le troisième trimestre de 2023 et celui de 2024. En milieu urbain, 231 000 emplois ont été créés, tandis qu’une perte de 17 000 postes a été enregistrée en milieu rural. Les emplois rémunérés ont connu une progression significative de 262 000 postes, compensant la perte de 49 000 postes non rémunérés, en grande partie concentrés en milieu rural. En termes sectoriels, les services ont dominé cette croissance, avec la création de 258 000 nouveaux emplois, principalement en milieu urbain. Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) a également contribué à cette dynamique, en ajoutant 57 000 postes, tandis que le secteur industriel a progressé de 2 % avec 23 000 emplois supplémentaires. Le secteur de l’agriculture, cependant, a enregistré une baisse significative, perdant 124 000 postes, principalement en milieu rural.
Les régions du Maroc se distinguent par leur participation inégale au marché du travail. Cinq d’entre elles concentrent 72,4 % des actifs de 15 ans et plus, avec la région de Casablanca-Settat en tête (22,3 %), suivie de Rabat-Salé-Kénitra, Marrakech-Safi, Fès-Meknès et Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Certaines régions, telles que Tanger-Tétouan-Al Hoceima, affichent des taux d’activité supérieurs à la moyenne nationale de 43,6 %, tandis que d’autres, comme Drâa-Tafilalet et Béni Mellal-Khénifra, se situent en dessous de ce niveau.
Enfin, le taux d’activité national a légèrement augmenté, atteignant 43,6 % contre 43,2 % l’année précédente. Le taux d’emploi national a également progressé, de 37,4 % à 37,6 %. Ces évolutions sont néanmoins contrastées selon les milieux, avec une baisse en milieu rural et une augmentation en milieu urbain. Le taux d’activité des femmes, en particulier, a connu une amélioration, passant de 18,4 % à 19,2 %, un indicateur encourageant de l’insertion progressive de la main-d’œuvre féminine.
Le rapport du HCP met en évidence les défis croissants de l’économie marocaine face au chômage et au sous-emploi, tout en soulignant les opportunités de croissance observées dans certains secteurs économiques et certaines régions. Ces statistiques appellent à des mesures visant à stabiliser le marché de l’emploi, à réduire les disparités régionales et à mieux intégrer les jeunes et les femmes dans le tissu économique national.