Travailler seulement deux jours par semaine pourrait devenir la norme dans les dix prochaines années. C’est la prévision audacieuse faite par Bill Gates, cofondateur de Microsoft, lors de son passage dans l’émission The Tonight Show de Jimmy Fallon. Selon lui, l’évolution fulgurante de l’intelligence artificielle permettrait de réduire drastiquement le temps de travail, sans compromettre la productivité. Une vision qui alimente à la fois l’espoir d’une vie meilleure et les craintes d’une société en mutation rapide.
D’après Gates, l’IA pourrait assumer jusqu’à 80 % des tâches professionnelles actuelles, allant bien au-delà des métiers répétitifs. Elle jouerait un rôle crucial dans des secteurs tels que la santé ou l’enseignement, où elle deviendrait un appui précieux pour les professionnels, en fournissant des analyses rapides et des conseils de qualité. Pour lui, la rareté de l’expertise humaine deviendrait moins problématique, l’IA permettant à chacun d’accéder à un accompagnement de haut niveau, qu’il soit médical ou éducatif.
Cependant, si cette perspective fait rêver, elle ne va pas sans poser de nombreuses questions. Plusieurs spécialistes soulignent que certaines fonctions resteront profondément humaines. Infirmiers, artistes, éducateurs ou assistants sociaux reposent sur des qualités émotionnelles et relationnelles que la technologie ne peut, à ce jour, reproduire. De plus, les systèmes d’intelligence artificielle, malgré leurs avancées, sont encore sujets à des erreurs, des biais et une forte dépendance aux données.
Gates reste toutefois optimiste. Il estime que cette transformation pourrait favoriser l’épanouissement individuel, en libérant du temps pour se former, créer, partager ou tout simplement vivre. La transition vers une semaine de travail réduite nécessiterait néanmoins une refonte globale des modèles sociaux : redistribution des richesses, adaptation des systèmes éducatifs et réflexion sur la valorisation des métiers non automatisables.
L’un des enjeux majeurs réside dans l’équité d’accès à ces technologies et dans la gestion des écarts croissants entre professions remplaçables et irremplaçables. La crainte d’une fracture sociale s’accentue, notamment si la concentration de la richesse continue de s’intensifier autour des secteurs technologiques.
Alors que certaines entreprises testent déjà des modèles à quatre jours, les premières expériences révèlent des gains de productivité, une meilleure santé mentale des employés et une hausse de la satisfaction globale. La semaine de deux jours, bien que radicale, pourrait donc s’inscrire dans une dynamique amorcée. Mais elle exige une préparation collective : adaptation des infrastructures, anticipation des déséquilibres économiques et gouvernance humaine des technologies.
Le monde du travail est en train de basculer. Et selon Bill Gates, ce n’est pas une simple évolution, mais une révolution qui s’annonce. Reste à savoir si cette vision enthousiasmante sera partagée par l’ensemble de la société, ou si elle restera un luxe réservé à une élite technophile.