Bernard Arnault, 76 ans, vient d’obtenir le feu vert des actionnaires pour repousser l’âge limite de sa fonction de PDG chez LVMH à 85 ans. Lors de l’assemblée générale du 17 avril à Paris, la résolution a été adoptée avec un plébiscite de 99,1%. Ce vote confirme une volonté claire du fondateur du numéro un mondial du luxe de rester aux commandes encore plusieurs années, malgré les interrogations croissantes autour de sa succession.
La décision, bien que largement attendue, ne fait qu’accentuer les débats sur l’après-Arnault. Si le dirigeant a plaisanté qu’un proche lui avait suggéré de fixer le cap à 100 ans, cette prolongation soulève des inquiétudes sur l’absence de visibilité concernant l’identité de son successeur. Officiellement, des scénarios de succession existent, comme l’a reconnu Stéphane Bianchi, directeur général adjoint de LVMH, mais ceux-ci restent confidentiels.
Avec 49% du capital et près de 65% des droits de vote, la famille Arnault reste en position dominante. Pourtant, en coulisses, les spéculations vont bon train sur lequel de ses cinq enfants prendra un jour la relève. Tous sont déjà impliqués dans le groupe, à divers postes de direction. Delphine (50 ans), PDG de Dior, et Antoine (47 ans), président de Berluti et Loro Piana, sont les aînés. Alexandre (32 ans), Frédéric (29 ans) et Jean (26 ans), issus de sa seconde union avec Hélène Mercier-Arnault, progressent rapidement dans les rangs, mais sans indication officielle de favoritisme.
Actuellement, seul Jean n’a pas encore de siège au conseil d’administration. Les autres y participent activement, épaulés par des cadres chevronnés du groupe. Parmi eux, Stéphane Bianchi, bras droit du patriarche, incarne une figure de transition possible. La gouvernance a d’ailleurs été récemment ajustée, intégrant des dirigeants externes au cercle familial, comme Henri de Castries, administrateur référent, ou encore Jean-Jacques Guiony, promu à la tête de la division vins et spiritueux.
Malgré ces réaménagements, les incertitudes demeurent. Plusieurs voix, comme celle de Denis Branche, vice-président de Phitrust, pointent un manque de clarté. L’inquiétude d’une lutte fratricide ou d’un flottement stratégique à la tête du groupe n’est pas écartée. Certains observateurs évoquent même la possibilité d’une régence si Bernard Arnault devait quitter brusquement ses fonctions sans successeur désigné.
Dans un contexte de ralentissement du marché du luxe mondial, cette continuité managériale peut rassurer les marchés. Toutefois, pour certains actionnaires, l’absence d’un plan de succession clairement établi pourrait, à terme, fragiliser la stabilité du groupe.