Copenhague tremble, et ce n’est pas un frisson printanier. L’action de Novo Nordisk s’est effondrée mardi à la suite d’un coup porté par son concurrent américain Eli Lilly, bien décidé à prendre l’ascendant dans la bataille mondiale contre le surpoids. L’arme de cette offensive : l’orforglipron, une nouvelle molécule expérimentale dont les résultats cliniques prometteurs viennent menacer la domination du géant danois dans le domaine des traitements amaigrissants.
Avec une perte boursière de plus de 7 % en début d’après-midi sur la place de Copenhague, Novo Nordisk encaisse un revers sévère. Pourtant en position de force depuis plusieurs années grâce à ses produits vedettes comme Ozempic et Wegovy, plébiscités pour leurs effets sur la perte de poids, le laboratoire se voit aujourd’hui rattrapé par l’ambition conquérante d’Eli Lilly.
Le laboratoire américain ne cache plus son objectif : frapper fort et vite pour s’imposer comme la référence dans le traitement de l’obésité et du diabète de type 2. Les résultats dévoilés jeudi dernier confirment cette volonté. L’orforglipron coche toutes les cases attendues par les investisseurs : réduction significative du poids corporel, amélioration de la glycémie, bon profil de tolérance. Un cocktail de performances qui a aussitôt propulsé le titre Eli Lilly en hausse de plus de 14 %.
Dans les coulisses des banques d’investissement, le ton est sans équivoque. Bank of America parle d’un « scénario idéal », tandis que Deutsche Bank, tout en relativisant l’impact immédiat sur Novo, admet que cette avancée s’inscrit dans un climat de doutes croissants autour de l’avenir des traitements injectables du groupe danois.
Jusqu’à présent, Novo Nordisk surfait sur une croissance impressionnante : un bénéfice net de plus de 13 milliards d’euros en 2024 et des ventes dominées par Ozempic, véritable phénomène mondial, propulsé par sa popularité virale sur les réseaux sociaux. Mais la dynamique pourrait basculer si l’orforglipron confirme son potentiel sur le marché.
Eli Lilly ne se contente pas de rivaliser. L’entreprise semble viser une redéfinition complète du marché : faire de l’obésité une maladie traitable efficacement par voie orale, sans injection, et accessible à une échelle plus large. Novo Nordisk, malgré ses milliards de couronnes de bénéfices, se retrouve ainsi sur la défensive face à une offensive qui ne vise rien de moins qu’à lui arracher son leadership.