Financement libyen Carla Bruni va-t-elle prochainement être mise en cause par la justice
Carla Bruni-Sarkozy, épouse de l’ex-chef de l’État français Nicolas Sarkozy, est à nouveau convoquée dans un volet de l’enquête tentaculaire sur le financement libyen de la campagne présidentielle de son mari en 2007.
Selon une source proche du dossier samedi à l’AFP, la chanteuse et ancienne top model de 56 ans encourt des poursuites pour recel de subornation de témoin, association de malfaiteurs en vue de la préparation d’escroqueries au jugement en bande organisée et en vue de la corruption de personnels judiciaires libanais.
Mme Bruni-Sarkozy, qui a épousé Nicolas Sarkozy en 2008, pourrait ressortir de cet interrogatoire, dont la date n’a pas été précisée, inculpée ou sous le statut plus favorable de témoin assisté. Elle a déjà été entendue à deux reprises par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF): d’abord comme témoin en juin 2023, puis comme suspecte début mai.
L’information judiciaire ouverte en mai 2021 a pour but de démêler les rôles joués par une douzaine de protagonistes de l’entourage de M. Sarkozy, dans la spectaculaire volte-face de l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine lors d’une interview co-organisée par la patronne de l’agence BestImage et figure de la presse people « Mimi » Marchand, de son vrai nom Michèle Marchand.
Fin 2020, M. Takieddine avait subitement et temporairement dédouané l’ex-président (2007-2012) après avoir été son principal accusateur dans le dossier dit des « fonds libyens », qui auraient été versés par le régime de l’ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi.
Suspecté d’avoir avalisé ces manœuvres, M. Sarkozy, qui conteste les faits, doit être jugé au début de l’an prochain pour « recel de détournement de fonds publics », « corruption passive » et « financement illégal de campagne électorale » notamment.
En avril, ses avocats ont déposé une requête pour faire annuler cette mesure et, récemment, une demande de dépaysement de l’enquête.
Récemment, selon des éléments de l’enquête dont l’AFP a eu connaissance et en partie révélés par le quotidien Le Parisien, le juge d’instruction financier chargé du dossier pense avoir découvert les preuves de l’utilisation d’une ligne téléphonique occulte par Carla Bruni-Sarkozy.
Pour le juge, le téléphone aurait notamment servi à l’ex-couple présidentiel à recevoir des messages de « Mimi » Marchand, également mise en cause, sur le déroulement de l’opération.
L’un d’entre eux semble prouver que l’ex-Première dame aurait été informée en amont du déplacement de Mme Marchand à Beyrouth mi-octobre 2020 pour la fameuse interview dans laquelle M. Takieddine se rétracte, possiblement contre rémunération.
Lors de son audition début mai, Carla Bruni-Sarkozy a contesté qu’il s’agissait de son téléphone. Sollicité, l’avocat de la chanteuse, Me Paul Mallet, n’a pas répondu à l’AFP.
Principal accusateur de M. Sarkozy et réfugié au Liban pour échapper à une incarcération en France, Ziad Takieddine avait fait volte-face fin 2020 en déclarant dans deux médias que l’ex-président n’avait « pas touché un centime, cash ou pas cash, pour l’élection présidentielle » de 2007.
Il était toutefois revenu sur ses propos deux mois plus tard devant les magistrats instructeurs.