Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a annoncé, lors d’une réunion de la Commission de la Justice et de la Législation à la Chambre des représentants le 12 février 2025, qu’une liste d’associations serait prochainement constituée. Cette liste inclut celles suspectées d’être impliquées dans des pratiques de blanchiment d’argent.
En réponse aux interrogations des membres de la commission, M. Ouahbi a précisé : « À l’exception de Transparency, avec laquelle nous avons des divergences au niveau gouvernemental, nous préparons actuellement un dossier que nous pourrions transmettre au parquet. » Cette déclaration intervient dans le cadre de l’examen du projet de loi 03.23 modifiant le Code de procédure pénale, qui propose des réformes visant à renforcer la lutte contre la criminalité financière.
Le ministre a en outre souligné la nécessité d’agir face à ceux qui semblent avoir accumulé des biens luxueux, tels que des villas ou des véhicules, sans que leurs revenus déclarés ne justifient de telles acquisitions. « Ne serait-ce pas là un cas classique de blanchiment d’argent ? », a-t-il ajouté. Il a insisté sur l’importance de forcer les individus dont les déclarations fiscales ne correspondent pas à leur patrimoine à expliquer l’origine de leurs fonds, ainsi que la provenance de leurs investissements immobiliers.
Dans le même esprit, M. Ouahbi a fait référence aux nouvelles mesures prévues dans le projet de révision du Code pénal, qui devraient permettre une surveillance accrue des déclarations fiscales. Ces mesures visent également à engager des poursuites en cas de fausses déclarations.
Lors de cette réunion, le ministre s’est également interrogé sur la méthode la plus appropriée pour combattre la corruption, soulevant un dilemme moral : « Faut-il mener cette lutte de manière autoritaire, en incarcérant tous les suspects avant de les innocenter, ou bien devons-nous adopter une approche légale qui respecte la présomption d’innocence, jusqu’à ce que les coupables soient identifiés ? »
Cette annonce intervient alors que le Maroc a perdu une place au classement mondial de l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Selon le rapport publié le 11 février 2024, le Royaume, avec un score de 37 points sur 100, se situe désormais à la 99e place. Bien que ce recul semble modéré, il reflète une tendance inquiétante, marquée par une dégradation de la situation, particulièrement dans les années qui ont suivi la pandémie de COVID-19.