Le Maroc s’apprête à importer quelque 100.000 moutons d’Australie afin de faire face à la pénurie de bétail qui affecte le pays à l’approche de l’Aïd Al-Adha. Une baisse significative du cheptel national, estimée à 38 % par rapport à 2016, combinée à une sécheresse persistante, a contraint les autorités à rechercher des solutions alternatives pour garantir l’approvisionnement du marché.
Lors d’une récente déclaration, Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement, a souligné la gravité de la situation. Les conditions climatiques difficiles, marquées par un stress hydrique récurrent, ont impacté la production nationale, réduisant considérablement le nombre de bêtes disponibles pour cette fête religieuse majeure. Face à cette réalité, le Royaume a opté pour une diversification de ses sources d’importation, après s’être tourné vers l’Espagne et la Roumanie lors des années précédentes.
Mark Harvey-Sutton, directeur général du Conseil australien des exportateurs de bétail (ALEC), a confirmé que des discussions avancées sont en cours pour organiser les premières expéditions. Selon la plateforme spécialisée Sheep Central, une délégation marocaine, comprenant des importateurs et un conseiller ministériel, s’est récemment rendue en Australie pour examiner les modalités de cette opération. Financé par le gouvernement marocain, ce déplacement avait pour but d’évaluer la faisabilité logistique et sanitaire de l’importation.
Des protocoles vétérinaires ont été signés entre les deux pays, garantissant le respect des normes sanitaires internationales. Toutefois, pour que les exportateurs australiens puissent concrétiser cette transaction, ils devront obtenir l’approbation du système de chaîne d’approvisionnement ESCAS, une exigence stricte en matière de bien-être animal. Le transport du bétail devra également s’effectuer à bord de navires homologués par l’Autorité australienne de sécurité maritime, afin d’assurer le respect des conditions de voyage des animaux.
Pour l’Australie, ce partenariat représente une opportunité stratégique à un moment où l’exportation de bétail vivant est sur le point d’être interdite. La nouvelle réglementation, qui entrera en vigueur en juin prochain, limitera drastiquement les échanges commerciaux dans ce secteur. Cette situation incite les producteurs australiens à explorer de nouveaux marchés, dont le Maroc, qui s’affirme comme un client de choix en raison de ses besoins croissants en bétail.
De son côté, le gouvernement marocain espère que cette importation constituera une solution temporaire en attendant la mise en place de mesures structurelles pour soutenir l’élevage local. Le secteur agricole traverse une période critique, et la dépendance accrue aux importations soulève des interrogations sur la durabilité des politiques actuelles. Pour Aziz Akhannouch et son équipe, l’enjeu est désormais de renforcer la résilience du marché national tout en garantissant un accès suffisant aux moutons pour la célébration de l’Aïd Al-Adha.