Lors des Réunions de printemps 2025 du FMI et de la Banque mondiale à Washington, le Maroc a brillamment mis en lumière son expérience pionnière en matière de protection sociale. Invitée à intervenir lors d’une table ronde sur les systèmes de soutien dans la région MENA, la directrice générale de l’Agence nationale du soutien social (ANSS), Wafaa Jemali, a détaillé les avancées majeures du Royaume en matière d’aides sociales directes, soulignant un programme à la fois ambitieux, ciblé et durable.
Avec près de 30 milliards de dirhams alloués annuellement — soit 2 % du PIB — le dispositif marocain se distingue par son ampleur budgétaire, positionnant le Royaume parmi les pays les plus engagés au monde en la matière. Ce financement, exclusivement issu du budget de l’État, est rendu possible grâce aux réformes fiscales, à la contribution solidaire et à la réorganisation des anciens programmes sociaux. Un effort entièrement national, salué pour sa viabilité et sa résilience.
Actuellement, près de 4 millions de familles marocaines — soit plus de 12 millions de personnes, dont 5,6 millions d’enfants et un million de seniors — bénéficient de cette aide mensuelle. Mais au-delà de l’aspect financier, le Maroc entend faire de la protection sociale un levier de transformation humaine et économique. À cet effet, le programme intègre des mécanismes d’incitation à la scolarisation, des mesures favorisant la santé maternelle et infantile, et des actions ciblées pour promouvoir l’emploi, en particulier pour les femmes et les jeunes.
La mise en place du Registre Social Unifié (RSU) a permis un ciblage précis des bénéficiaires, en évaluant leurs conditions de vie et leurs revenus grâce à un système de notation fiable. Cette technologie de pointe garantit non seulement l’efficacité du programme, mais favorise aussi l’inclusion financière et territoriale, en tenant compte des réalités locales. Ce dispositif, soutenu par l’expertise technique de la Banque mondiale, renforce la crédibilité du Maroc sur la scène internationale.
Mme Jemali a rappelé que cette politique sociale découle d’une vision royale affirmée, portée par le Roi Mohammed VI, qui en a fait un pilier stratégique du développement national. Face à une région MENA en proie à l’instabilité économique et à une croissance modeste — 2,6 % attendue en 2025 selon la Banque mondiale — l’exemple marocain représente une voie prometteuse pour conjuguer lutte contre la pauvreté et dynamisme économique.
Au-delà des chiffres, l’approche marocaine se distingue par sa profondeur humaine. L’ANSS déploie un réseau de travailleurs sociaux chargés d’accompagner les familles dans la durée, en leur facilitant l’accès à la formation, à l’emploi et à des services de base comme la nutrition, les soins ou encore la garde d’enfants. Cette dimension humaine, ancrée dans une approche de proximité, vise à instaurer un changement durable et inclusif dans les communautés bénéficiaires.
En pleine reconfiguration des politiques sociales post-Covid, le Maroc s’illustre ainsi comme un acteur innovant et engagé, capable d’articuler justice sociale, croissance économique et stabilité. Un message fort envoyé à la communauté internationale : une politique sociale ambitieuse, bien ciblée et structurellement intégrée peut être un vecteur puissant de développement.