Après quatorze années de travaux, le barrage M’dez, situé dans la province de Sefrou, est enfin sur le point d’être achevé. Avec un avancement des travaux de 99%, ce projet d’infrastructure, vital pour la région, s’apprête à transformer durablement la gestion des ressources hydriques locales. Ce chantier d’envergure, qui a traversé de nombreuses épreuves avant d’arriver à son terme, représente aujourd’hui un véritable levier de développement pour la plaine du Saïss et ses environs.
Les travaux du barrage M’dez ont débuté en 2010 sous la direction d’une entreprise russe. Cependant, l’exécution initiale a été marquée par une lenteur inquiétante, avec seulement 2% de progrès réalisés au bout de plusieurs années. Les défis n’ont pas cessé là : une deuxième entreprise, engagée pour relancer le projet, a elle aussi rencontré des difficultés financières, menant à sa liquidation. Ce n’est qu’en novembre 2022 que la Société Générale des Travaux du Maroc (SGTM) a pris les rênes du projet, insufflant enfin un nouveau souffle à cette entreprise titanesque.
Le coût du projet a été réévalué à la hausse au fil des années. Initialement estimé à 1,5 milliard de dirhams, le budget final atteint désormais 1,635 milliard de dirhams. Cet investissement substantiel reflète les nombreux obstacles rencontrés tout au long de ces quatorze années de travaux. Le barrage M’dez, un ouvrage en remblai de 109 mètres de hauteur et d’une capacité de stockage de 700 millions de mètres cubes, est appelé à jouer un rôle clé dans la gestion des ressources en eau de la région. Il permettra notamment de transférer 125 millions de mètres cubes d’eau par an vers la plaine du Saïss, contribuant ainsi à la lutte contre la surexploitation de la nappe phréatique. De plus, il protégera le barrage Allal El Fassi, situé en aval, des risques d’inondation, tout en assurant l’approvisionnement en eau potable des douars avoisinants.
Le barrage M’dez, intégralement réalisé par des entreprises marocaines, incarne l’expertise nationale en matière de génie civil. Ce projet ne se limite pas à sa fonction hydraulique ; il a également des implications socio-économiques majeures pour la région. En plus de créer des milliers d’emplois, il facilitera le désenclavement des zones rurales grâce à la déviation de routes provinciales et ouvrira la voie à un potentiel développement touristique autour de la retenue.
Cependant, la construction d’une telle infrastructure n’est pas sans impacts environnementaux. Des mesures d’atténuation ont été mises en place, incluant l’indemnisation des propriétaires des terrains expropriés et la réhabilitation des infrastructures touchées. Ces initiatives visent à garantir une transition juste pour les populations locales, tout en minimisant les conséquences négatives sur l’écosystème.
Ce barrage s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme d’aménagement hydraulique du bassin du Sebou, un projet stratégique initié dès l’indépendance du Maroc. Avec une capacité totale de plus de 5,7 milliards de mètres cubes pour l’ensemble des barrages de la région, ce programme vise à assurer l’irrigation des plaines du Gharb et du Saïss, l’approvisionnement en eau des villes et des industries, la production d’énergie hydroélectrique, et la protection des zones en aval contre les inondations.