Un trouble du sommeil rare, mais aux conséquences lourdes, inquiète la communauté scientifique. Le trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP) affecte une infime partie de la population, mais ses répercussions vont bien au-delà des nuits agitées. D’après les experts, ce phénomène serait un signe avant-coureur de maladies dégénératives telles que la maladie de Parkinson ou la démence à corps de Lewy. Selon la Cleveland Clinic, 97 % des personnes diagnostiquées avec un TCSP développeraient l’une de ces pathologies neurodégénératives dans un délai de 14 ans.
Le TCSP se manifeste par une activité motrice excessive pendant la phase paradoxale du sommeil, une période où le corps est normalement paralysé pour éviter toute interaction physique avec les rêves. Or, chez les personnes atteintes, ce mécanisme est défaillant. Elles peuvent alors bouger, parler, crier et parfois se blesser ou blesser leur entourage. Selon les données recueillies, 60 % des patients et 20 % de leurs partenaires subissent des blessures durant la nuit, allant de simples hématomes à des traumatismes crâniens.
Ce trouble du sommeil touche principalement les hommes âgés de plus de 50 ans, avec une prévalence neuf fois supérieure à celle observée chez les femmes. L’âge moyen d’apparition est estimé à 61 ans, bien que certains cas aient été signalés chez des jeunes adultes et même chez des enfants, bien plus rarement. La cause principale du TCSP serait un dysfonctionnement du « pont », une structure du tronc cérébral essentielle au contrôle du sommeil paradoxal. Ce dysfonctionnement empêche la paralysie musculaire habituelle durant cette phase du sommeil, provoquant ainsi ces comportements anormaux.
Le lien entre le TCSP et les maladies neurodégénératives s’explique par la dégradation progressive des cellules du tronc cérébral, qui sont également impliquées dans la régulation de la dopamine, un neurotransmetteur clé dans le développement de la maladie de Parkinson. Certaines recherches avancent que des anomalies dans le taux de dopamine, un dysfonctionnement érectile ou une perte de l’odorat pourraient être des signes annonciateurs de ce trouble. Chez les personnes plus jeunes, la prise d’antidépresseurs est aussi suspectée d’augmenter le risque de développer un TCSP.
En l’état actuel des connaissances, aucun traitement curatif n’existe. Toutefois, plusieurs solutions peuvent atténuer les symptômes et limiter les risques de blessures. La mélatonine, hormone régulatrice du sommeil, semble offrir un certain bénéfice en réduisant la fréquence et l’intensité des épisodes. Le clonazépam et le pramipexole, quant à eux, sont parfois prescrits pour stabiliser les mouvements nocturnes. En parallèle, des mesures préventives sont recommandées : sécuriser la chambre en retirant les objets fragiles, rembourrer les bords du lit et éviter les situations pouvant provoquer des chutes.
La découverte du TCSP comme indicateur précoce de maladies neurodégénératives ouvre une perspective nouvelle pour la recherche médicale. Identifier les individus à risque pourrait permettre d’intervenir plus tôt et, potentiellement, de ralentir la progression de ces maladies. Pour l’instant, l’accent est mis sur la surveillance clinique et le développement de thérapies ciblées.