La Conférence des Parties sur le climat (COP29), qui s’ouvre ce 11 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, représente une nouvelle étape cruciale pour les pays les moins avancés (PMA) dans leur lutte pour obtenir un soutien financier substantiel pour faire face aux effets dévastateurs du réchauffement climatique. Cette rencontre, qui s’étendra jusqu’au 22 novembre, doit, d’une part, réitérer les engagements des nations pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais, d’autre part, et surtout, elle met l’accent sur le besoin urgent de financement climatique pour les nations en développement, durement touchées par les conséquences du changement climatique.
Ces pays, regroupés sous le nom de PMA – un ensemble composé de 46 États parmi les plus vulnérables et économiquement démunis, en majorité situés en Afrique –, sont en première ligne du réchauffement climatique, malgré leur contribution minimale aux émissions de gaz à effet de serre. Pour eux, la COP29 représente une opportunité unique de faire valoir leur droit à un soutien financier équitable et à des financements adaptés à leurs réalités économiques. Le Malawi, qui porte cette année la voix des PMA, fait entendre un message de justice climatique : l’aide octroyée doit être majoritairement constituée de dons, et non de prêts, afin de ne pas alourdir davantage la dette de ces nations déjà précarisées.
Un nouvel objectif collectif quantifié pour la finance climatique
Lors de la COP15 de Copenhague en 2009, les pays développés s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars annuels pour aider les pays en développement à faire face aux défis climatiques. Bien que cette promesse ait été réalisée en 2022, elle demeure bien en deçà des besoins réels des pays en développement, estimés à 2 400 milliards de dollars par an d’ici 2030 par des experts mandatés par l’ONU. Les pays africains ont récemment réclamé, lors de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement en Côte d’Ivoire, un montant encore plus élevé de 1 300 milliards de dollars par an, chiffre qui reflète les exigences croissantes pour financer à la fois les stratégies d’adaptation et de réduction des émissions.
Pour Yamikani Idriss, négociateur climatique malawite, les fonds actuels sont insuffisants et mal adaptés. Les 100 milliards de dollars initiaux ayant été calculés sans évaluation précise, il plaide pour que le nouvel objectif soit basé sur les besoins réels et pour que l’allocation soit pensée de manière à éviter l’endettement des nations bénéficiaires.
Le débat sur la nature des financements : prêts ou dons
La répartition des financements est également au cœur des préoccupations des PMA. Actuellement, les aides reçues sont constituées aux deux tiers de prêts à taux préférentiels. Or, pour les PMA, qui subissent de plein fouet les catastrophes climatiques et qui, souvent, croulent déjà sous le poids de leur dette publique, ces aides devraient être octroyées sous forme de dons. Selon Idriss, il est nécessaire de répondre à la « responsabilité historique » des nations les plus développées, responsables d’une majorité des émissions de CO2, en leur demandant de financer sans contrepartie les efforts climatiques des pays les plus vulnérables.
Un partage équitable et ciblé des financements
Le négociateur malawite appelle aussi à une répartition équitable des financements entre les initiatives de prévention, d’adaptation et de réparation. Il insiste pour que les fonds dédiés à l’adaptation – c’est-à-dire ceux permettant aux populations de s’adapter aux changements climatiques déjà en cours – soient gérés en priorité. Une partie de ces fonds pourrait être allouée directement aux autorités locales pour répondre de manière autonome aux besoins spécifiques des populations affectées.
La question des pertes et dommages, thème central depuis la COP28 où un fonds dédié a été mis en place, sera également débattue. Ce fonds, doté de 700 millions de dollars, n’est pas encore opérationnel et reste entouré de questions quant à ses modalités de décaissement et aux types d’événements couverts. Les PMA souhaitent que ce fonds soit rapidement accessible avec une procédure simplifiée, afin de répondre efficacement aux catastrophes climatiques qui affectent leur territoire.
Qui doit financer la transition ?
Les pays développés, qui ont pris l’engagement initial des 100 milliards de dollars, militent désormais pour une expansion de la base des contributeurs en y intégrant de nouveaux pays à forte empreinte carbone, tels que la Chine, l’Inde et le Brésil. Ces États, ayant connu une croissance économique importante au cours des dernières décennies, ont également contribué de manière significative aux émissions de CO2. Cependant, ces pays, bien que souvent contributeurs dans des programmes bilatéraux ou par le biais de banques de développement, rejettent l’idée d’un accord contraignant qui les obligerait à financer les efforts climatiques des pays moins avancés.
La COP29 de Bakou devra donc relever le défi de fixer des objectifs financiers réalistes et adaptés aux besoins de chaque région. Pour les PMA, ce rendez-vous représente une occasion unique de faire entendre leurs revendications et de lutter pour des mécanismes de soutien climatique qui soient à la hauteur des enjeux actuels.