Dans un secteur automobile mondial en pleine mutation, Honda et Nissan, respectivement les deuxième et troisième constructeurs japonais, envisagent une fusion qui pourrait bouleverser l’échiquier industriel. Cette initiative, révélée par des sources proches des discussions et confirmée par des porte-parole des deux entreprises, vise à créer une entité commune sous la forme d’une holding unique, une stratégie destinée à répondre aux défis imposés par l’électrification rapide et la compétition internationale accrue.
D’après le quotidien économique Nikkei, les deux groupes, qui collaborent déjà dans plusieurs domaines stratégiques, prévoient de signer un protocole d’accord officialisant ce projet. Une telle fusion, si elle se concrétise, constituerait l’une des opérations les plus significatives depuis la création de Stellantis, issue de la fusion entre Fiat Chrysler et PSA en 2021. Cette union permettrait à Honda et Nissan de mutualiser leurs compétences et ressources, notamment dans les domaines des batteries, des logiciels pour véhicules électrifiés et d’autres technologies de pointe.
Le marché chinois, acteur incontournable de l’industrie automobile, semble être l’épicentre de cette démarche. En novembre dernier, 70 % des ventes mondiales de véhicules électriques y ont été réalisées, grâce à des entreprises locales comme BYD, qui grignotent rapidement les parts de marché des fabricants étrangers. Face à cette compétition étrangère féroce, Honda et Nissan espèrent, par cette fusion, solidifier leurs positions en Asie tout en s’ouvrant à de nouveaux horizons technologiques.
Les discussions actuelles incluent également la possibilité d’associer Mitsubishi Motors, dont Nissan est l’actionnaire principal, afin de créer un trio dominant dans l’industrie nippone. Cette configuration pourrait générer un leader global capable de rivaliser avec les poids lourds internationaux tels que Tesla, Volkswagen et les nouveaux entrants chinois.
Malgré l’enthousiasme initial provoqué par ces annonces, les dirigeants restent prudents. Des communiqués publiés par les deux entreprises confirment que plusieurs options de collaboration sont à l’étude, sans garantie qu’une fusion soit définitivement retenue. Toutefois, la perspective d’un rapprochement semble répondre à des objectifs stratégiques communs : Honda, pionnier dans les technologies hybrides depuis le lancement de la Insight en 1999, pourrait accélérer sa transition vers l’électrique grâce à l’expertise de Nissan en matière de véhicules 100 % électriques, symbolisée par la Leaf. De son côté, Nissan tirerait parti des avancées de Honda dans les motorisations thermiques et hybrides rechargeables, des segments encore porteurs dans de nombreuses régions du monde.
Cette annonce a eu des répercussions immédiates sur les marchés financiers. Mercredi, le titre de Nissan s’est envolé de 24 % à la Bourse de Tokyo, tandis que Honda enregistrait une légère baisse et Mitsubishi grimpait de plus de 14 %. Ces fluctuations témoignent des espoirs et interrogations que suscite ce projet. Si la fusion se concrétise, elle pourrait transformer l’industrie automobile japonaise en renforçant sa compétitivité à l’échelle mondiale.
En choisissant l’union plutôt que la concurrence, Honda et Nissan font un pari audacieux sur l’avenir. L’industrie automobile, confrontée à des bouleversements sans précédent, exige des alliances stratégiques pour survivre et prospérer. La réalisation de ce projet pourrait bien redessiner les contours du marché mondial et réaffirmer la prééminence technologique du Japon dans le domaine de la mobilité électrique.