L’écrivaine sud-coréenne Han Kang s’est vue décerner le prestigieux Prix Nobel de littérature 2024 ce jeudi 10 octobre, au sein de l’Académie suédoise à Stockholm. À 53 ans, elle devient la première Sud-Coréenne à recevoir cette distinction, marquant un moment historique pour la littérature coréenne. Autrice prolifique de romans, poèmes et nouvelles, Han Kang s’est imposée sur la scène littéraire internationale avec des œuvres qui interrogent la violence, le traumatisme historique et les liens entre corps et esprit.
Le jury du Nobel a salué sa « prose poétique intense » qui aborde avec finesse les blessures du passé et la fragilité de la condition humaine. Han Kang a su captiver l’attention du monde avec des récits d’une grande sensibilité, profondément ancrés dans l’histoire de la Corée du Sud, notamment les tragédies politiques comme les massacres de Jeju en 1948 et de Gwangju en 1980. Son œuvre incarne un idéal puissant, fidèle au testament d’Alfred Nobel, en offrant une voix singulière à travers une exploration poétique du traumatisme collectif.
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Son roman le plus célèbre, La Végétarienne, publié en 2007 et traduit en anglais en 2016, a reçu des éloges mondiaux pour son analyse des violences corporelles et psychiques. Ce récit introspectif plonge le lecteur dans les tourments intérieurs de la protagoniste, Yeong-hye, qui finit par sombrer dans la psychose après avoir renoncé à manger de la viande. Cette œuvre a confirmé la stature internationale de Han Kang, qui a remporté le Man Booker Prize en 2016.
Bien avant son Prix Nobel, Han Kang avait déjà marqué la littérature sud-coréenne avec son style expérimental combinant prose et poésie. Son dernier ouvrage, Impossibles adieux (2023), a été salué comme l’apogée de sa carrière, explorant les thèmes de la séparation, de l’amitié et des divisions politiques. Cette œuvre témoigne de sa capacité à transcender les frontières culturelles et temporelles.
En plus de ses écrits, Han Kang est une figure engagée en faveur des droits humains et des libertés d’expression. Malgré son inclusion sur une liste noire sous la présidence de Park Geun-hye, elle a poursuivi son travail littéraire, devenant une figure emblématique de la résistance intellectuelle en Corée du Sud.
Le Prix Nobel de littérature décerné à Han Kang marque l’entrée de la littérature sud-coréenne dans une ère de reconnaissance mondiale. À travers ses écrits, l’autrice a su donner une voix aux traumatismes de son pays tout en créant un pont universel entre les expériences individuelles et les mémoires collectives.