Malgré un regain de précipitations en mars et début avril, le niveau des réserves en eau au Maroc continue de refléter une réalité contrastée. Si le taux national de remplissage des barrages a légèrement progressé, atteignant ce samedi 38,3 %, les écarts entre régions restent criants.
Selon les données officielles fournies par la Direction générale de l’ingénierie de l’eau, rattachée au ministère de l’Équipement et de l’Eau, la capacité totale de stockage des ouvrages hydrauliques s’élève actuellement à 6,4 milliards de mètres cubes. Un chiffre en hausse par rapport à la même période de 2024, où le taux national de remplissage plafonnait à 32,6 %. Une amélioration d’environ 6 points qui reste néanmoins insuffisante pour effacer des années de déficit hydrique.
Cette progression est largement attribuée aux pluies intermittentes qui ont marqué le mois de mars, dans le sillage d’une dépression atmosphérique instable. Des averses, souvent orageuses, ont également arrosé certaines zones en avril, dopant les volumes d’eau dans plusieurs retenues, principalement dans le nord du Royaume.
Ainsi, des barrages stratégiques comme ceux d’Oued El Makhazine, de Chefchaouen ou encore Charif Al Idrissi affichent des taux de remplissage de 100 %, fonctionnant à leur pleine capacité. Ces performances illustrent la résilience du bassin hydraulique de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, qui bénéficie d’un régime pluviométrique plus clément que d’autres régions.
Mais ailleurs, la situation reste préoccupante. Le barrage Al Massira, deuxième plus grand du pays, ne contient que 5 % de son volume total. À l’instar d’Abdelmoumen et de Mokhtar Soussi, qui peinent à franchir le seuil des 10 %, ces ouvrages illustrent les limites de la recharge hydrique dans les régions du centre et du sud du Royaume, plus exposées à l’aridité.
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Le bassin de Guir-Ziz-Rheris, dans le sud-est, affiche des niveaux contrastés : 34,8 % pour le barrage Kadoussa, contre 63,9 % pour Al Hassan Addakhil. À l’est, la situation est nettement plus favorable, avec un taux de 71,1 % pour le barrage Mohamed V, et 61,9 % pour celui de Hammadi.
Dans l’ensemble, les bassins de Loukkos, Sebou, Guir-Ziz-Rheris et Tensift enregistrent des taux variant entre 50 et 60 %, confortant leur position au-dessus de la moyenne nationale. À l’inverse, les bassins de la Moulouya, de l’Oum Er-Rbia, du Drâa et d’Oued Noun peinent à suivre, affichant des niveaux inférieurs à 30 %, voire proches de 10 % dans certains cas.
Cette situation met en lumière l’inégale répartition de la ressource en eau et la vulnérabilité de plusieurs zones face aux aléas climatiques. Si les dernières pluies ont offert un léger sursis, la gestion durable de l’eau reste un enjeu national crucial, d’autant plus pressant dans un contexte de stress hydrique chronique.
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