La Russie s’impose comme un acteur clé dans l’approvisionnement en blé du Maroc. Depuis le début de la campagne agricole 2024-2025, le Royaume a déjà importé près de 650.000 tonnes de blé russe, une tendance qui devrait atteindre un million de tonnes d’ici la fin de la saison. Cet objectif s’inscrit dans le cadre d’un accord signé récemment à Casablanca entre la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL) et l’Union russe des exportateurs et producteurs de céréales (Rusgrain Union). Ce protocole d’accord, d’une durée initiale d’un an, pourrait être prolongé en fonction des besoins mutuels, consolidant une relation qui se développe rapidement.
Dans un contexte mondial marqué par des incertitudes climatiques et économiques, le Maroc cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement en blé tendre. Historiquement dépendant de la France, le Royaume a dû se tourner vers de nouveaux partenaires suite à la chute des exportations françaises, qui devraient baisser de 26 % cette saison. En réponse à cette diminution, la Russie a non seulement comblé le vide laissé par les exportateurs européens, mais s’est également positionnée comme le principal fournisseur du Maroc, surpassant des partenaires traditionnels.
Selon Edouard Zernine, président de Rusgrain Union, le Maroc figure désormais parmi les dix premiers importateurs de blé russe. Cette montée en puissance reflète une stratégie marocaine pragmatique visant à sécuriser son approvisionnement en céréales essentielles pour son secteur agroalimentaire. En août, les importations marocaines de blé russe ont atteint 1,92 million de quintaux, une hausse significative par rapport à l’année précédente. Pour Omar Yacoubi, président de la FNCL, le blé russe offre un rapport qualité-prix imbattable, répondant ainsi aux exigences croissantes des minotiers locaux.
Cette dynamique s’inscrit dans une stratégie globale de diversification. Outre la Russie, le Maroc explore activement des partenariats avec d’autres pays, notamment la Roumanie, la Bulgarie, l’Allemagne, la Pologne, l’Ukraine et les États baltes. Ces initiatives visent à garantir un approvisionnement stable et à atténuer les risques liés aux perturbations climatiques et aux fluctuations des récoltes. La demande nationale de blé tendre, estimée à 5-5,5 millions de tonnes par an, nécessite une planification rigoureuse pour éviter toute rupture d’approvisionnement.
Le recours accru au blé russe marque un tournant dans les relations commerciales entre les deux nations. Il illustre également la capacité du Maroc à s’adapter rapidement aux conditions changeantes du marché international des céréales, tout en consolidant sa sécurité alimentaire.