La notion de « Conscious Unbossing » (désoumettre consciemment) représente une rupture significative avec les modèles managériaux traditionnels. Une étude récente de Robert Walters révèle que 52 % des jeunes professionnels de la génération Z (nés entre 1995 et 2012) n’aspirent pas à des fonctions managériales. Ce phénomène met en lumière l’émergence d’une nouvelle manière de concevoir la carrière et le leadership, où l’autonomie, l’expertise et l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle prennent le pas sur les responsabilités hiérarchiques.
L’essor d’une nouvelle vision du travail
Les jeunes actifs aujourd’hui cherchent à se libérer des contraintes liées à la gestion d’équipe, perçue comme une source de stress élevé et d’autonomie restreinte. Selon l’étude menée par le cabinet de recrutement britannique Robert Walters, près de 7 jeunes sur 10 jugent les postes de « middle management » synonymes de surcharge de travail et de pression. Les raisons de ce rejet sont multiples, mais la pandémie de Covid-19 y a joué un rôle majeur. En redéfinissant les priorités professionnelles, elle a mis en lumière l’importance de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, une quête que les jeunes générations privilégient désormais.
Les jeunes préfèrent ainsi des fonctions opérationnelles moins exigeantes en termes de hiérarchie, mais plus gratifiantes au quotidien. Cette tendance s’accompagne d’une remise en question de la hiérarchie traditionnelle, jugée trop rigide et déconnectée des attentes des nouvelles générations. En effet, l’étude de Capterra révèle que 75 % des managers intermédiaires se sentent stressés et proches du burn-out, ce qui renforce l’idée qu’un leadership fondé sur l’autorité n’est plus adapté aux exigences actuelles.
Le leadership repensé : une approche collaborative et inspirante
Le « Conscious Unbossing » n’implique pas un rejet total de l’autorité, mais une révision profonde de son rôle. Les jeunes professionnels ne rejettent pas le leadership en soi, mais ils préfèrent un modèle fondé sur la collaboration et l’inspiration plutôt que sur la domination. La génération Z privilégie l’idée d’un leadership de service, où le manager devient un facilitateur, un guide capable d’inspirer et de motiver ses équipes plutôt que de les contrôler.
Selon Lucy Bisset, directrice chez Robert Walters, les jeunes veulent avant tout développer une expertise de niche et contribuer à des projets ayant du sens. 72 % des jeunes sondés préfèrent devenir des spécialistes reconnus dans leur domaine plutôt que d’évoluer vers des rôles managériaux. Ce changement d’orientation s’inscrit dans un désir de travailler de manière plus autonome tout en se sentant utile au collectif.
Des modèles managériaux plus horizontaux
Pour répondre à cette demande de plus d’autonomie et de collaboration, certaines entreprises se réinventent en adoptant des modèles managériaux plus horizontaux. Des groupes comme Citigroup ou Amazon ont déjà réduit les niveaux hiérarchiques dans le but de favoriser une organisation plus agile et plus souple. Le « Conscious Unbossing » ouvre ainsi la voie à un monde professionnel où l’alignement des compétences et l’esprit collaboratif deviennent essentiels. Ce phénomène s’accompagne d’une volonté de réduire l’importance des titres et de favoriser une culture de collaboration.
L’idée est de trouver un juste équilibre entre autonomie et structure, ce qui est facilité par un « management par le vide organisé ». Ce modèle permet aux collaborateurs de prendre des décisions de manière indépendante tout en restant alignés sur des objectifs communs. Le manager, dans ce cas, n’est plus une figure d’autorité mais un facilitateur, dont la mission est d’accompagner et d’aider l’équipe à atteindre ses objectifs tout en préservant l’équilibre et le bien-être de chacun.
Une réponse aux défis du monde du travail
Le rejet des postes managériaux traditionnels n’est pas un phénomène isolé, mais bien le reflet d’une évolution profonde des attentes professionnelles des jeunes générations. La quête de sens au travail, l’aspiration à un environnement plus sain, et le besoin d’un équilibre entre vie personnelle et professionnelle sont au cœur de cette transformation. Le « Conscious Unbossing » représente une forme de leadership plus authentique, plus humain, où l’autorité est replacée au service du collectif.
Les entreprises doivent désormais prendre conscience de cette tendance et s’adapter. Elles doivent valoriser davantage l’expertise, le mentorat et la collaboration, tout en offrant des environnements où l’épanouissement personnel et professionnel se rejoignent. Ce modèle pourrait ainsi offrir aux entreprises un levier de performance durable, fondé sur l’engagement des collaborateurs et leur développement personnel.
Les jeunes de la génération Z, en rejetant les codes managériaux traditionnels, ne renient pas le leadership mais appellent à une nouvelle forme de gestion : plus responsable, plus collaboratif, et surtout plus humain. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si les entreprises seront prêtes à adopter ce modèle de leadership transformateur pour mieux s’adapter aux besoins de leurs collaborateurs de demain.