Le Festival international du film de Marrakech a accueilli en grande pompe, mercredi, la première marocaine de « Everybody Loves Touda« , le dernier long-métrage de Nabil Ayouch. Ce film, présenté dans la prestigieuse section « Séances de Gala », a captivé l’audience par sa force narrative et son regard poignant sur un pan méconnu de la culture marocaine.
Dans une ambiance empreinte d’émotion, le réalisateur a partagé son enthousiasme face au public marocain, près de six mois après la première mondiale de son œuvre au Festival de Cannes. Ayouch, habitué des festivals internationaux, n’a pas caché sa fierté de voir ce projet sélectionner pour représenter le Maroc aux Oscars 2025.
Une immersion dans l’univers des Cheikhates
« Everybody Loves Touda« met en lumière les cheikhates, ces chanteuses traditionnelles souvent marginalisées, dont les chansons évoquent l’amour, la liberté, et la résistance. Touda, le personnage principal, interprétée magistralement par Nisrin Erradi, incarne cette quête d’émancipation. Mère courage prête à tout pour un avenir meilleur pour son fils muet, elle quitte son village pour Casablanca, espérant y trouver reconnaissance et dignité.
Le film explore avec une sensibilité rare des thèmes universels tels que l’amour, la quête identitaire et la lutte contre les préjugés. Le parcours de Touda résonne bien au-delà des frontières marocaines, s’inscrivant dans un contexte mondial de revendication de l’égalité et de la liberté.
Une œuvre saluée et primée
Ce film a déjà marqué les esprits avant même sa sortie en salles prévue pour le 11 décembre 2024. En plus de sa sélection pour les Oscars, il a reçu le Grand Prix au Festival de Valenciennes. Il réunit des talents prometteurs tels que Joud Chamihy, Jalila Talemsi, El Mostafa Boutankite et Lahcen Razzougui, contribuant à une dynamique de narration riche et nuancée.
Nabil Ayouch, porte-voix des marginalisés
Nabil Ayouch, connu pour son engagement cinématographique, poursuit avec ce film son exploration des marges de la société marocaine. Depuis Ali Zaoua (1999) jusqu’à Much Loved (2015), en passant par Les Chevaux de Dieu (2012), il braque sa caméra sur des récits rarement racontés, offrant une tribune à ceux qui en sont souvent privés.
En 2021, Ayouch avait déjà marqué l’histoire en présentant Haut et Fort en compétition officielle à Cannes, une première pour le cinéma marocain. Son empreinte se fait également sentir en tant que producteur, notamment avec Le Bleu du Caftan de Maryam Touzani, succès mondial multi-récompensé.
Un hommage à la culture et à la résilience
La musique, omniprésente dans le film, joue un rôle central. Les chants des cheikhates, portés par une bande originale envoûtante, transcendent l’écran pour transmettre des messages universels. « Everybody Loves Touda« célèbre la capacité de l’art à transformer les sociétés et à offrir une voix aux opprimés.
Ce film est bien plus qu’une œuvre artistique : c’est une déclaration d’amour à la culture marocaine et un appel à la reconnaissance des femmes artistes qui l’incarnent.