L’escalade commerciale entre Pékin et Washington franchit un nouveau cap. Le gouvernement chinois a annoncé ce vendredi une hausse drastique de ses droits de douane sur les importations en provenance des États-Unis, portant les surtaxes à un taux cumulé de 125%. Cette décision intervient alors que les tensions économiques entre les deux premières puissances mondiales continuent de semer la nervosité sur les marchés financiers internationaux.
Dans un communiqué publié par le ministère des Finances, la Commission des droits de douane relevant du Conseil des affaires d’État a fustigé les mesures américaines, les qualifiant de « manœuvres arbitraires » qui contreviennent aux normes du commerce multilatéral. Pékin dénonce un comportement « coercitif et unilatéral » et affirme qu’au vu de ces niveaux tarifaires prohibitifs, les exportations américaines ne trouvent plus leur place sur le marché chinois.
L’impact ne s’est pas fait attendre. Le billet vert a cédé du terrain face à l’euro, tombant à son plus bas niveau depuis plus de trois ans, alors que les Bourses européennes ont décroché à l’ouverture : Paris cédait 1,1%, Francfort 1,6%, Milan 1,5% et Londres 0,4%. À Tokyo, l’indice Nikkei a clôturé la semaine sur une perte marquée de 2,95%, dans la foulée des reculs enregistrés à Wall Street.
Les appels à l’unité se multiplient
Quelques jours auparavant, Donald Trump avait annoncé une suspension temporaire – de 90 jours – des hausses tarifaires imposées à 60 pays, le temps de finaliser des discussions. Pourtant, les surtaxes américaines sur des secteurs stratégiques comme l’acier, l’aluminium ou l’automobile, oscillant entre 10% et 25%, restent en vigueur, notamment envers les partenaires européens. La Chine, elle, subit désormais un niveau de surtaxe sans précédent, atteignant 145% sur certaines catégories de produits.
Lors d’un entretien avec le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, le président chinois Xi Jinping a exhorté l’Union européenne à faire bloc face aux décisions commerciales américaines, appelant à une défense concertée de l’ordre économique mondial. Il a insisté sur la nécessité pour Pékin et Bruxelles d’agir de concert pour préserver le libre-échange et contrer toute forme de pression économique imposée par une puissance tierce.
Pedro Sanchez a reconnu l’importance de rééquilibrer les échanges commerciaux entre l’Europe et la Chine, tout en mettant en garde contre le risque que les conflits douaniers ne freinent les dynamiques de coopération économique sino-européenne.
L’Europe en alerte, Trump reste inflexible
Le président Emmanuel Macron a réagi depuis la plateforme X (anciennement Twitter), estimant que l’assouplissement partiel décidé par Washington représentait une « accalmie fragile » et que l’Union européenne devait rester mobilisée pour déployer, si nécessaire, des mesures de rétorsion adaptées. Pour l’heure, Bruxelles a opté pour une suspension prudente de toute riposte immédiate, une décision saluée par Donald Trump, qui l’a jugée « avisée ».
Mais la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a averti qu’en cas d’échec des négociations, des réponses ciblées pourraient être envisagées. Parmi les options figurent notamment la mise en place d’une taxe sur les revenus publicitaires des grandes plateformes numériques et l’activation d’un mécanisme surnommé le « bazooka », destiné à contrer les pratiques commerciales jugées agressives.
L’Asie observe, Trump persiste
D’autres économies asiatiques, fortement exposées au marché américain, adoptent une attitude plus mesurée. Le Vietnam et le Cambodge, deux producteurs majeurs du textile au sein de l’ASEAN, ont clairement indiqué qu’ils ne prendraient pas part à une spirale de représailles.
De son côté, Donald Trump a réaffirmé sa détermination jeudi, en assurant que cette transition aurait certes un coût, mais qu’elle s’inscrivait dans une logique de rééquilibrage nécessaire. Il a, dans la foulée, agité la menace de nouvelles surtaxes à l’encontre du Mexique.
Enfin, le secrétaire au Trésor Scott Bessent a tenté de rassurer les investisseurs en déclarant ne pas observer d’anomalies sur les marchés financiers. Toutefois, des voix critiques s’élèvent outre-Atlantique : des parlementaires démocrates accusent l’administration Trump d’avoir orchestré un mouvement spéculatif en encourageant des achats d’actions juste avant l’annonce de la suspension partielle des surtaxes.